Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les frappes d'une coalition internationale, tentent depuis des semaines de briser les dernières défenses des irréductibles du groupe jihadiste, acculés dans un petit bout de terre aux confins orientaux de la Syrie, dans le village de Baghouz.
Le "califat" autoproclamé par l'EI en 2014 sur de vastes territoires à cheval entre l'Irak et la Syrie n'est plus désormais qu'un campement fait de tunnels et de tentes au bord du fleuve Euphrate, non loin de la frontière irakienne.
Mais l'assaut final de la coalition arabo-kurde a été ralenti à plusieurs reprises par des vaines contre-attaques jihadistes à coup notamment de voitures piégées, mais surtout par le flot d'hommes, de femmes et d'enfants quittant, souvent blessés et affamés, le réduit de Baghouz.
"Aujourd'hui encore, les opérations risquent d'être ralenties pour permettre de nouvelles sorties. Certaines familles vont se rendre. Des jihadistes et leurs proches", a déclaré vendredi à une équipe de l'AFP Jiager Amed, un responsable des média au sein des Unités de protection du peuple kurde (YPG), épine dorsale des FDS.
Les FDS "consolident leurs positions et effectuent des relèves des troupes sur le front", a-t-il précisé. Ces derniers jours, les combats se déroulent généralement de nuit avec des frappes aériennes et une progression au sol.
Kamikazes
M. Amed s'est dit incapable d'évaluer combien de personnes sont encore présentes à l'intérieur du lambeau de califat.
"Ceux qui restent ont toujours un attachement très fort à l'idéologie (du groupe EI). Il y a beaucoup de kamikazes qui sont prêts à résister jusqu'au bout. Mais il y a aussi des familles et des enfants, on leur donne la possibilité de se rendre", a-t-il souligné.
Selon un communiqué des FDS, "1.300 terroristes (combattants de l'EI) et leurs familles se sont rendus sur la seule journée de jeudi. Quelque 3.000 combattants de l'EI s'étaient rendus mardi.
D'après un décompte établi jeudi par l'OSDH, 60.000 personnes sont sorties de la poche jihadiste depuis décembre. Une sur dix serait un jihadiste.
Les combattants sont arrêtés par les FDS et détenus. Les femmes et les enfants sont transférés par camions vers le camp de déplacés d'Al-Hol (nord-est).
Depuis décembre, environ 113 personnes --dont les deux tiers sont des enfants de moins de cinq ans-- sont décédées en route vers le camp ou peu de temps après leur arrivée, d'après l'ONU.
Guerre complexe
La dernière phase de la bataille contre l'EI est l'un des aspects de la guerre complexe en Syrie, entrée vendredi dans sa neuvième année.
Déclenché avec la répression sanglante par le régime de manifestations prodémocratie pacifiques à Deraa (sud) puis dans la capitale Damas, le 15 mars 2011, le conflit s'est complexifié au fil des ans. Il implique désormais des groupes rebelles, des mouvements jihadistes et des puissances étrangères.
D'après le dernier bilan dévoilé vendredi par l'OSDH, plus de 370.000 personnes ont péri dans ce conflit.
Les civils ont payé un lourd tribut et 112.623 d'entre-eux, dont plus de 21.000 enfants et 13.000 femmes, ont été tués selon cette ONG, qui dispose d'un vaste réseau de sources à travers le pays.
Le dernier bilan établi en septembre par l'OSDH faisait état de plus de plus de 360.000 morts.
Plus de 125.000 soldats de l'armée syrienne et membres de milices qui lui sont alliées ont été tués, selon ce nouveau bilan. En outre, 67.000 combattants d'autres forces, notamment des rebelles et des combattants kurdes ont péri, d'après l'OSDH.
Près de 66.000 jihadistes, notamment du groupe Etat islamique (EI) et de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie, ont aussi été tués, selon la même source.
Le conflit a chassé de leur foyer environ 13 millions de Syriens, plus de la moitié de la population du pays, qui ont trouvé refuge entre autres en Turquie, en Jordanie ou au Liban.
Et les ONG dénoncent toujours les exactions et atteintes aux droits humains perpétrées par le régime de Bachar al-Assad, dont la famille est au pouvoir depuis 1971, accusé d'attaques chimiques meurtrières, mais aussi de tortures et d'arrestations arbitraires.
Ces dernières années, Bachar al-Assad a reconquis de nombreux territoires qu'il avait perdus face aux rebelles et jihadistes grâce à l'appui de ses principaux alliés la Russie et l'Iran. Un tiers du territoire échappe toutefois encore à son contrôle.
La guerre a entraîné des destructions évaluées à 400 milliards de dollars (353 milliards d'euros) et anéanti des secteurs cruciaux pour l'économie.
Une conférence des donateurs pour la Syrie organisée à Bruxelles a permis d'engranger jeudi près de 7 milliards de dollars pour venir en aide aux réfugiés, mais le déblocage des fonds pour la reconstruction a été conditionné à un processus de paix crédible.
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