"C'est parti dans tous les sens", dit le chauffeur VTC originaire de Toulouse. Lui qui était là au premier jour des manifestations mi-novembre, a rangé son gilet en janvier. "Maintenant dans les manifs on parle quinoa, boulgour... Rien à voir avec ce qu'on disait pour réclamer plus de pouvoir d'achat !" lance-t-il.
Pour Christophe, qui a participé à presque toutes les manifestations parisiennes en venant de Toulouse, "ça commence à devenir difficile financièrement". Au RSA, il a consacré environ 400 euros par mois pour manifester dans la capitale chaque samedi.
"C'est l'usure qui nous a eus, la fatigue, les tensions… C'est compliqué de passer deux mois et demi dans la rue", reconnaît Elodie Labat de Bordeaux, qui a "rendu son gilet jaune" fin janvier. "C'est dommage car c'était un beau mouvement", dit cette mère de 4 enfants qui se montre pessimiste sur la suite. "Nos revendications vont finir à la poubelle", dit-elle en expliquant ne pas faire confiance "aux politiciens".
D'autres ont été refroidis par les violences qui ont émaillé les manifestations. Depuis le début du mouvement, onze personnes sont décédées, 2.2000 manifestants et 1.500 membres des forces de l'ordre ont été blessés.
"Moi je ne suis pas là pour casser du flic", dit Georges Frances, un ancien "gilet jaune" de Perpignan. "Le mouvement est complètement infiltré par les anarcho d'un côté et les fachos de l'autre", analyse M. Garrec.
A la veille d'un 18e samedi de mobilisation, difficile de savoir combien de "gilets jaunes" ont raccroché. Selon les chiffres officiels du gouvernement, 28.6000 personnes étaient dans la rue samedi dernier en France, 3.000 à Paris, soit la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement de contestation. Ils étaient plus de 280.000 le 17 novembre.
"Remplir le frigo"
"On a utilisé une cartouche, on a mené des blocages pendant des mois, avec des résultats très maigres", constate Alex Compère, un ancien "gilet jaune" de Valence (Drôme).
Baisse des taxes sur le prix du carburant, baisse des impôts, hausse des salaires, le mouvement s'était constitué mi-novembre autour de revendications concrètes en faveur d'un meilleur pouvoir d'achat. Aujourd'hui, de nombreux "gilets jaunes" repentis regrettent que la mise en place du RIC (Référendum d'initiative populaire) ait pris le pas sur les autres revendications.
"Ce n'est pas le RIC qui va remplir le frigo!", lance Hubert Charlier de Reims, qui a lui aussi abandonné le mouvement.
Mais s'ils ont remisé leur gilet jaune au placard, la plupart des anciens manifestants interrogés par l'AFP affirment continuer à se mobiliser, "autrement".
Après une rencontre qui a été "un choc" avec une mère et son enfant de 4 ans à la rue, en marge d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris, Hubert Charlier a décidé de s'"engager pour les autres". Cet artisan de 54 ans est ainsi en train de créer une association d'aide aux plus démunis.
Yves Garrec, lui, mise sur le grand débat lancé par Emmanuel Macron en janvier, en réponse à la crise des "gilets jaunes". "On sait qu'il y a une partie d'enfumage et que le gouvernement nous balance un os avec ce grand débat, mais pourquoi pas essayer de jouer le jeu?", dit-il tout en restant sur ses gardes. "Le gilet reste à portée de main et rien ne dit que plus tard, on ne reprendra pas les actions."
burs-cld/epe/pta
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