Près de deux ans après son débat jugé raté de la présidentielle, la présidente du Rassemblement nationale a cherché à conforter son rôle de première opposante à l'orée de la campagne pour les élections européennes du 26 mai.
Elle a ainsi jugé que le grand débat, dont la première phase se termine vendredi, n'était "pas un succès", et que le président de la République "ne sait pas comment en sortir".
Interrogée sur les demandes des "gilets jaunes", elle s'est prononcée contre la hausse du Smic pour ne pas peser "sur les TPE et PME" et la suppression des niches fiscales, mais a réitéré sa demande du rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), supprimé au début du quinquennat. Mais, a-t-elle affirmé, "je ne suis pas en guerre contre les riches (...) Je suis en guerre pour les Français les plus modestes".
Sur le Brexit, après un vote des parlementaires britanniques en faveur d'un report du Brexit d'au moins trois mois, Marine Le Pen a estimé que "dans le jeu qui se joue", le Royaume Uni et l'Union européenne "arriveront à trouver un accord". "On a le sentiment d'une stratégie où les deux voitures foncent l'une vers l'autre et c'est à celui qui déviera au dernier moment", selon elle.
La présidente du RN devrait détailler sa politique européenne en débattant avec Nathalie Loiseau, la ministre de l'Europe.
Les deux femmes s'écharpent régulièrement par médias et réseaux sociaux interposés. "Il y a un mensonge par jour avec Marine Le Pen", a cinglé la ministre des Affaires européennes, que Marine Le Pen accuse de passer "ses journées à insulter l'opposition".
Trois membres du gouvernement ont conseillé Mme Loiseau pour ce débat: le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, élu comme Marine Le Pen dans les Hauts-de-France, Sébastien Lecornu, coanimateur du Grand débat, et Benjamin Griveaux, porte-parole.
La prestation de Nathalie Loiseau, qui sera scrutée en haut lieu, aura "valeur de test", selon un ministre. Un nombre croissant de partisans de la macronie la verraient bien mener la liste LREM-MoDem pour le scrutin du 26 mai, même si cette proche d'Alain Juppé répète qu'elle n'est "pas candidate".
Vaccins et immigration
Les deux femmes assument de concert ce duel, qui s'inscrit dans le clivage défendu par Emmanuel Macron entre "progressistes" et "nationalistes", et celui de Marine Le Pen entre "mondialistes" et "nationaux".
Selon un sondage Ifop-Fiducial diffusé jeudi, La République en Marche (24%) se maintient en tête des intentions de vote aux Européennes devant le RN (21%, -1) en léger recul
Le parti de Marine Le Pen a ainsi retrouvé dans les intentions de vote son niveau de premier tour à la présidentielle (21,3%). Et son image auprès des Français, fortement dégradée début 2018, s'est améliorée, même si elle n'a pas retrouvé les niveaux de début 2017, selon un sondage annuel Kantar Sofres-onepoint paru mardi.
Avant Mme Loiseau, la présidente du RN a été sur la défensive face à ses invités, dont l'essayiste Jacques Attali et la maire PCF d'Aubervilliers Meriem Derkaoui lors de débats décousus, parfois inaudibles, poussant la journaliste Léa Salamé à lancer un STOP désespéré.
Elle a en outre été accusée par tweet par la ministre de la Santé Agnès Buzyn de "contre-vérité" sur la généralisation du vaccin de la rougeole après un premier mort de cette maladie en France cette année. "Dans ce cas, il faut vacciner tous ceux qui arrivent en France (…) On ne peut pas dire aux Français: il faut à tout prix que tout le monde soit vacciné ; et en même temps laisser les frontières grandes ouvertes et n'exiger aucun vaccin pour les gens qui arrivent en France", a dit Marine Le Pen.
"Vous ne pouvez pas gouverner un pays en opposant les gens sans arrêt, en semant la division", lui a lancé Mme Derkaoui.
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