Le service de métro est partiel dans la capitale, de même que celui des bus et les habitant, résignés, ont marché par milliers pour rejoindre leur poste de travail.
Après plusieurs jours sans moyens de paiements électroniques faute d'électricité, les files d'attente se sont étirées devant les banques où les Vénézuéliens voulaient retirer des espèces. Pendant la panne, seuls les dollars étaient acceptés par la plupart des commerçants.
Selon la commission des finances de l'Assemblée nationale, cette crise supplémentaire, en accélérant la dollarisation de l'économie vénézuélienne, enfonce encore un peu plus la monnaie locale: en février, l'inflation a atteint 53,7% portant le taux sur l'année écoulée à 2,3 millions pour cent, selon le Parlement, qui s'attend à bien pire en mars.
Le FMI a projeté une hyperinflation de 10 millions pour cent sur l'année.
"violence et anarchie"
Le gouvernement affirme que l'électricité a été rétablie dans pratiquement tout le pays dont Caracas, malgré "quelques pannes" dans des secteurs victimes selon lui de "sabotages" des transformateurs.
La Fédération des Chambres de commerce et associations industrielles (Fedecamaras) a mis en garde contre "le climat de violence et d'anarchie qui règne en plusieurs points du pays": "cette situation qui va jusqu'à interrompre la commercialisation des produits se traduit par un niveau alarmant de pénuries", indique-t-elle dans un communiqué.
Les pillages sont restés limités à Caracas, mais Maracaibo, la capitale pétrolière, a été mise à sac : plus de 500 commerces ont été envahis par des pillards hurlant "On a faim!", a rapporté une équipe de l'AFP sur place.
"J'ai vu un homme qui emportait de la farine, il l'a lâchée seulement pour s'emparer de pneus", raconte, encore secoué, Deivis Garcia: 2.000 personnes ont déferlé dans le supermarché où il travaille au cinquième jour de la panne qui s'est déclenchée le jeudi 7 mars.
La foule a même démonté les réfrigérateurs pour en emporter des pièces, devant des policiers et militaires incapables de ramener le calme.
L'ONG de Défense des droits de l'homme Foro Penal a recensé 200 arrestations pour pillages pendant la période, et plus de 100 pour "protestations".
Dans la capitale, beaucoup de commerces entièrement vides ne sont pas en mesure d'accueillir les clients.
vacances prolongées
"Après une crise comme celle-là les gens ne vont pas venir acheter des chaussures, ils sont surtout occupés à trouver de l'eau et de quoi se nourrir", lâchait, fataliste, Carlos Zuniga, 23 ans, gérant d'un magasin de chaussures sur le boulevard de Sabana Grande.
Selon l'institut Ecoanalitica, les pertes économiques dues à la panne se chiffrent au moins à "875 millions de dollars", a prévenu son directeur, Asdrubal Oliveros.
Le secteur pétrolier, vital pour le pays, est également à l'arrêt et "perd 700.000 barils par jour", affirme-t-il.
Le Gouvernement a annoncé en outre qu'une explosion a visé mercredi soir un centre de stockage de brut de l'Etat d'Anzoategui (nord-est). Le ministre du Pétrole Manuel Quevedo a accusé le sénateur de Floride "Marco Rubio (...) et sa marionnette Juan Guaido", le chef de l'opposition qui s'est proclamé président par intérim en janvier, d'avoir commandité un attentat.
Les écoles restaient fermées jeudi: entre carnaval et la panne de courant, les enfants n'ont eu cours que deux jours depuis le début du mois.
Selon l'ONG catholique d'éducation Fe y Alegria, près d'un tiers des enfants vénézuéliens ne vont plus à l'école - faute d'instituteurs, de transports ou parce qu'ils ont faim.
Toutes les activités avaient été suspendues après le début de la panne le 7 mars à 16H50 locales (00H50 GMT).
Le président Nicolas Maduro accuse les États-Unis d'avoir conduit une attaque cybernétique contre la principale centrale du pays. Pour Juan Guaido, c'est la négligence et la corruption du gouvernement qui sont responsables de ce fiasco.
Dans ce contexte, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a indiqué que tous les diplomates américains avaient maintenant quitté le Venezuela et continueront leur mission depuis l'extérieur.
L'administration américaine, qui soutient Juan Guaido, a accentué sa pression jeudi sur le régime Maduro en ajoutant 340 proches supplémentaires du président vénézuélien à la liste des personnes interdites de voyager aux Etats-Unis.
Plus de 600" individus ont été privés de visa américain depuis la fin 2018, selon un porte-parole.
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