"Les étudiants résistent à la prolongation du 4e mandat!", scandent les manifestants -parmi lesquels également des enseignants-, brandissant de nombreux drapeaux et défilant dans les artères près de la Grande-Poste, un bâtiment emblématique du coeur de la capitale.
"Pacifique, pacifique", crient-ils également, mot d'ordre de la contestation née le 22 février contre la volonté du président Bouteflika de briguer un 5e mandat à la présidentielle initialement prévue le 18 avril.
"Il faut sauver le peuple, pas le pouvoir", "Pas de ruse, Bouteflika", crient encore les étudiants, qui manifestent pour le 3e mardi consécutif, après des appels réitérés sur les réseaux sociaux dès le "message à la Nation" de M. Bouteflika lu lundi soir à la TV nationale.
Confronté à une contestation inédite depuis son élection à la tête de l'Algérie il y a 20 ans, le chef de l'Etat algérien a annoncé renoncer à briguer un 5e mandat et reporter la présidentielle du 18 avril, sans toutefois fixer d'échéance précise.
Il a prolongé par là même son mandat sine die, jusqu'à un prochain scrutin dont la date sera fixée ultérieurement par une "Conférence nationale", dont il souhaite que les travaux s'achèvent "avant la fin de l'année".
"Non aux prolongations"
"C'est une ruse pour gagner du temps, pour tenter d'enrayer le mouvement, le temps de ramener une autre marionnette comme président", a déclaré à l'AFP Amel, étudiante en Mathématiques-Informatique à Alger.
Pour Riad Labed, 22 ans, étudiant en géologie, M. "Bouteflika n'a pas le droit de prolonger son mandat sans l'aval du peuple".
Signe de la réactivité des réseaux sociaux et des protestataires, sur les nombreuses pancartes, le "5", cerclé et barré de rouge, logo de la contestation initiale contre un 5e mandat, a laissé la place à un "4+", refus désormais du prolongement de l'actuel 4e mandat de M. Bouteflika, qui expire le 28 avril.
Sur d'autres pancartes, on peut lire: "Ce n'est pas un match de foot! Non aux prolongations" ou "Non au provisoire qui dure".
A l'international, la France, ancienne puissance coloniale, a salué mardi, par la voix du président Emmanuel Macron, la décision "du président Bouteflika", tout en appelant à "une transition d'une durée raisonnable".
La mobilisation étudiante de mardi doit constituer une première indication de la réussite ou de l'échec des annonces du chef de l'Etat à calmer la contestation, d'une ampleur inégalée depuis sa première élection en 1999.
Des rassemblements étudiants sont prévus dans d'autres villes.
A Oran et Annaba, deuxième et quatrième ville du pays, les étudiants sont actuellement réunis en Assemblées générales sur des campus pour organiser la poursuite de la mobilisation, selon des journalistes locaux.
A Oran, de nombreux lycéens sont à nouveau descendus dans la rue, mardi.
Le véritable révélateur sera néanmoins vendredi, premier jour de week-end et traditionnel journée de manifestation depuis bientôt trois semaines.
"Grande supercherie"
Sur les réseaux sociaux le hashtag "Mouvement_du_15_Mars" a déjà remplacé ceux des 22 février, 1er et 8 mars --les trois vendredi précédents théâtres de manifestations massives--, en appelant à un 4e vendredi consécutif de mobilisation.
Mardi, le quotidien El Watan, au diapason, a dit voir dans les annonces de la veille "la dernière ruse de Bouteflika" qui "annule la présidentielle et reste au pouvoir".
Liberté, autre quotidien francophone, fustige "la grande supercherie", et estime aussi que "le président tente une nouvelle ruse avec le peuple".
El Khabar note que M. Bouteflika "s'est plié à la demande du peuple de ne pas se présenter à l'élection présidentielle, mais en usant d'un procédé lui permettant de demeurer président sans passer par des élections".
"On ignore comment la rue, qui a lui a demandé de quitter le pouvoir, va réagir", ajoute le quotidien arabophone.
Après deux semaines d'hospitalisation en Suisse, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans et sérieusement affaibli à la suite d'un AVC en 2013, est apparu lundi soir --au lendemain de son retour en Algérie-- sur des images diffusées par la télévision nationale, peu après ses annonces.
On le voit recevoir successivement, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, près d'Alger, plusieurs hauts responsables du pays.
Promu au rang de vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra, qui occupe également le portefeuille des Affaires étrangères, a pour sa part argué lundi soir que les Algériens n'avaient "pas droit à l'erreur" face à la "responsabilité historique" liée à la décision d'Abdelaziz Bouteflika de ne pas briguer un cinquième mandat.
M. Lamamra, qui s'exprimait sur RFI, a assuré que les prochaines élections seraient "absolument libres", au vu des garanties apportées par les autorités.
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