M. Ghosn a bien tenté de s'inviter au siège de Nissan à Yokohama (banlieue de Tokyo), où devait se tenir un conseil d'administration, avant une grande conférence de presse en présence de l'ensemble des patrons des trois groupes.
Mais la justice lui a interdit l'accès au conseil, dont il reste membre jusqu'à sa révocation par l'assemblée générale des actionnaires prévue le 8 avril. Il a en revanche été limogé de la présidence quelques jours après son arrestation pour malversations financières présumées, le 19 novembre à Tokyo.
Dans une brève déclaration transmise aux médias, l'ex-PDG de Nissan, se disant "prêt à remplir ses obligations professionnelles", s'est montré "déçu que le tribunal ait rejeté sa requête".
"Il est regrettable qu'il ait été empêché de mettre ses idées et sa vision au service de la compagnie qu'il a servie pendant 20 ans, du fait d'accusations non fondées à son encontre", a souligné un porte-parole de M. Ghosn.
Nouvelle gouvernance
Après plus de 100 jours de détention, M. Ghosn a retrouvé la semaine dernière la liberté en échange du paiement d'une caution d'un milliard de yens (environ 8 millions d'euros), et il ne compte pas rester inactif.
Mais Nissan, qui n'a pas de mots assez durs contre son ancien sauveur désormais dépeint par certains comme un "dictateur" sans scrupules, s'est fermement opposé à sa présence, expliquait lundi soir un des avocats de M. Ghosn.
L'homme d'affaires franco-libanais-brésilien n'assistera donc pas à la réunion, justement censée tourner la page de sa "toute-puissance".
Finies les "opaques" sociétés néerlandaises, Renault-Nissan BV et Nissan-Mitsubishi BV, censées symboliser l'alliance, mais servant en réalité les intérêts personnels de Carlos Ghosn, accusent ses détracteurs.
Selon une source proche des discussions, un comité réunissant les trois groupes devrait être mis en place dans le but d'éviter que ne se reproduise la même situation de concentration des pouvoirs.
Symbole de ce nouveau partage, prendront place à la tribune mardi à Yokohama le président de Renault, Jean-Dominique Senard, accompagné du directeur général Thierry Bolloré, du patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, et du PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko. Une image d'union après des mois de tensions liées à l'interpellation de leur charismatique dirigeant.
Dans un communiqué, Renault a confirmé des "pourparlers avec ses partenaires (...) concernant la création d'un nouvel organe de l'Alliance afin d'améliorer et de renforcer leur collaboration".
En France aussi
"L'accord envisagé n'aura aucun impact sur l'existence du Rama (Restated Alliance Master Agreement, qui définit les relations entre les partenaires) et sur la structure d'actionnariat croisé, qui resteront tous deux en place", a toutefois précisé le groupe au losange, en forme d'avertissement à Nissan qui aspire à plus d'autonomie.
Renault détient 43% de Nissan, qui lui-même détient 15% du constructeur français et 34% de Mitsubishi Motors.
Pendant ce temps, Carlos Ghosn affûte sa défense. S'il est resté silencieux jusqu'à présent, il s'est rendu mardi au cabinet de ses avocats pour préparer son argumentaire et discuter de l'organisation d'une éventuelle conférence de presse.
Inculpé au Japon pour abus de confiance et minoration de revenus dans les rapports de Nissan remis aux autorités boursières, il a déjà dénoncé, dans deux interviews accordées en prison, un "complot" ourdi par le constructeur nippon pour faire échouer son projet de rapprochement avec Renault.
Mais il ne s'est encore jamais exprimé sur les soupçons qui ont émergé en France. Après un signalement de Renault début février, le parquet de Nanterre vient d'ouvrir une enquête sur le financement de son mariage, célébré en octobre 2016 dans le faste du château de Versailles.
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