En retour, le président du Venezuela Nicolas Maduro a appelé la population à la "résistance active" contre les attaques fomentées selon lui "par les Etats-Unis" contre le système électrique du pays afin de préparer une intervention militaire.
Arguant de la situation "calamiteuse", alimentaire et sanitaire après 100 heures sans électricité, le Parlement a décrété lundi l'état d'alerte dans le pays à la demande de M. Guaido, président par intérim autoproclamé et reconnu par une cinquantaine de pays.
"Je lance un appel à tous les pouvoirs, sociaux, populaires", a lancé M. Maduro dans une allocution à la télévision nationale, citant notamment les "colectivos" qui désignent aussi bien les groupes de citoyens menant des oeuvres sociales que des formations violentes, agissant en milice.
Pour M. Maduro, les attaques contre le système électrique masquent une volonté des Etats-Unis de "désespérer" la population, afin de tenter de faire entrer de force l'aide humanitaire qu'il avait repoussée et de justifier une intervention militaire américaine déguisée.
Tout en dollars
Le décret approuvé par l'Assemblée nationale fait justement appel à la "coopération internationale" pour sortir le pays de l'ornière.
Malgré le retour progressif du courant dans plusieurs quartiers de Caracas, la situation reste chaotique pour la population: se procurer de l'eau et de la nourriture à un prix abordable est devenu une gageure. Tout se négocie désormais en dollars, et ce jusque dans les moindres recoins du pays.
Le gouvernement a annoncé une nouvelle journée fériée mardi: le pays qui sortait à peine des vacances de carnaval est à l'arrêt depuis vendredi matin.
"Non, la situation n'est pas normale au Venezuela et nous n'allons pas laisser s'installer cette tragédie", a insisté M. Guaido, en appelant ses partisans à manifester à partir de 15h00 (19h00 GMT) sur tout le territoire et à Caracas.
Il a par ailleurs décrété la suspension des livraisons de pétrole à Cuba, défendant la nécessité de faire "des économies d'énergie", au moment où la population est confrontée à la pire crise énergétique de l'histoire du pays, malgré ses colossales réserves d'or noir.
"Plus de pétrole pour Cuba!", s'est écrié M. Guaido, alors qu'en vertu d'accords bilatéraux signés avec le défunt président Hugo Chavez, le Venezuela envoie environ 90.000 barils par jour à son allié socialiste.
Cette mesure a peu de chances d'être appliquée tant que M. Maduro bénéficie du soutien de l'armée, qui gère l'industrie pétrolière. Mais elle a aussitôt suscité une vive réaction de La Havane a qui a dénoncé dans un communiqué des "mensonges".
De son côté, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a critiqué "le rôle central de Cuba et de la Russie" pour "saper les rêves démocratiques et le bien-être des Vénézuéliens".
Et il a annoncé le retrait de tout le personnel diplomatique américain encore présent au Venezuela.
Selon la Constitution, la proclamation de l'état d'alerte - phase préliminaire à l'état d'urgence - ouvre théoriquement la voie aux quelque 250 tonnes d'aide humanitaire stockées par l'opposition aux portes du pays et bloquées par le gouvernement qui dénonce une tentative masquée d'intervention militaire américaine.
M. Maduro a attribué la panne géante qui affecte l'ensemble du pays à une attaque "cybernétique" fomentée par les Etats-Unis avec l'opposition contre la principale centrale hydroélectrique vénézuélienne.
Pillages et décès
Une explication qualifiée de "scénario hollywoodien" par M. Guaido, qui a dénoncé devant les députés "la corruption et l'impéritie" des services publics chargés de l'électricité.
Selon des ONG, la panne a déjà provoqué la mort d'au moins 15 malades dans les hôpitaux - dont très peu sont équipés de générateurs en état de marche.
Ces bilans ont été démentis dimanche par le ministre de la Santé Carlos Alvarado.
Mais il est impossible de savoir ce qui se passe dans le pays, faute de moyens de communication.
Le gouvernement de Donald Trump avait déjà annoncé une série de sanctions économiques, notamment contre la compagnie pétrolière publique PDVSA.
La confrontation entre MM. Guaido et Maduro dure depuis le 23 janvier. Mike Pompeo a reconnu que les Etats-Unis auraient "préféré que les choses se passent plus rapidement". "Mais j'ai pleine confiance", a-t-il ajouté. "Les choses bougent dans la direction voulue par les Vénézuéliens et vont continuer ainsi", a estimé le chef de la diplomatie américaine.
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