Une session extraordinaire de l'Assemblée nationale, la seule institution contrôlée par l'opposition, a été convoquée pour vers midi heure locale (16H00 GMT). Présage ? L'électricité s'est éteinte un bref moment au Parlement à une heure de la réunion. Elle a ensuite été partiellement rétablie, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Le courant est totalement instable dans les quartiers de Caracas. S'il revient par intermittence depuis dimanche soir, les feux de signalisation, quant à eux, fonctionnent à nouveau dans la métropole. Certains commerces ont également repris leur activité, les transactions électroniques étant en partie rétablies.
Mais la crise énergétique se poursuit bel et bien : lundi à l'aube, une installation électrique a explosé à Caracas pour des raisons inconnues et des magasins ont été pillés dimanche.
L'eau et la nourriture commencent à manquer. A tel point que le gouvernement a annoncé qu'il allait commencer lundi des distributions dans les quartiers populaires.
Le président socialiste Nicolas Maduro a décrété une nouvelle journée chômée pour les administrations et les écoles lundi, faute de transports publics.
Sur la scène diplomatique, Washington a sanctionné lundi la banque russe Evrofinance Mosnarbank pour son "soutien" au pouvoir en place à Caracas. Concrètement, les avoirs d'Evrofinance Monsnarbank aux Etats-Unis ou détenus par des Américains sont gelés et il est interdit aux ressortissants américains d'échanger avec cette institution.
- "Catastrophe" -
Le gouvernement de Donald Trump, qui avait déjà annoncé une série de sanctions économiques, notamment contre la compagnie pétrolière publique PDVSA, avait fait savoir la semaine dernière qu'elle étendrait ces sanctions aux institutions financières étrangères "impliquées dans une aide à des transactions illégales bénéficiant à Nicolas Maduro et à son réseau corrompu".
A l'Assemblée, l'état d'alerte une fois décrété, Juan Guaido ne disposera pas des moyens de le faire appliquer : il n'a pas la main sur l'armée, la police, ni sur le reste de la fonction publique, qui restent sous le commandement du président Maduro.
Dans la Constitution vénézuélienne, l'état d'alerte est la phase préliminaire avant l'état d'urgence.
En agissant ainsi, Juan Guaido, autoproclamé président par intérim du Venezuela et reconnu par une cinquantaine de pays, ouvre de facto la voie à une intervention étrangère au nom de l'aide humanitaire.
Il a répété samedi à la faveur d'un grand rassemblement à Caracas qu'il était prêt à l'autoriser, "lorsque le moment viendra".
La confrontation entre les deux hommes dure depuis le 23 janvier, date à la quelle Juan Guaido, 35 ans, s'est proclamé président par intérim. Il conteste la réélection de son rival au cours d'un scrutin jugé frauduleux par la communauté internationale.
"Cette catastrophe, nous devons nous en occuper maintenant", a-t-il martelé dimanche en annonçant la convocation de l'Assemblé.
La situation reste également confuse dans les hôpitaux et en province, où des pillages sont signalés lundi à Maracaibo.
M. Guaido a aussi enjoint à la population de descendre dans les rues "parce que ce régime laisse mourir les Vénézuéliens" et a appelé les forces armées à cesser "de couvrir le dictateur" Nicolas Maduro.
- Nouveaux rassemblements -
Il doit préciser lundi à quel moment auront lieu ces nouveaux rassemblements.
Depuis jeudi 16h50 (20h50 GMT), le Venezuela est privé de lumière, d'eau ainsi que de moyens de transport et de communications.
Selon des ONG, la panne a déjà provoqué la mort d'au moins 15 malades dans les hôpitaux - dont très peu sont équipés de générateurs en état de marche - mais, en l'absence de bilan officiel et de moyens de communications, il est impossible de savoir ce qui se passe exactement dans ce pays.
Ces bilans ont été démenti dimanche après-midi par le ministre de la Santé Carlos Alvarado, qui était resté silencieux depuis le début de la crise. "C'est faux", a-t-il dit à la télévision - que bien peu de Vénézuéliens sont en état de recevoir.
La centrale hydroélectrique de Guri, dans l'Etat de Bolivar (sud), à l'origine de de la panne, dessert environ les trois quarts du Venezuela. M. Maduro a dénoncé une nouvelle "attaque cybernétique" dans la "guerre électrique" livrée selon lui par les Etats-Unis. Le gouvernement a affirmé qu'il fournirait à l'ONU "des preuves" de ces accusations.
Un scénario "hollywoodien", a répliqué M. Guaido, pour qui le manque de maintenance et d'investissements dans le réseau de distribution de d'électricité, nationalisé en 2007, sont la vraie cause de cet fiasco.
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