"Nous avons fait des propositions constructives que j'ai rappelées vendredi", a déclaré lundi matin à l'AFP le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier, à son arrivée à une réunion avec des ambassadeurs des 27 à Bruxelles.
"Nous avons discuté tout le week-end et désormais les discussions, les négociations, sont entre le gouvernement à Londres et le Parlement à Londres", a-t-il ajouté.
Il y a deux mois, la Chambre des communes avait rejeté à une majorité massive l'accord de divorce conclu fin novembre par la Première ministre britannique Theresa May avec Bruxelles, la renvoyant à la table des négociations.
Mais alors que les députés se préparent à voter une seconde fois sur le texte mardi, il apparaît de plus en plus que Mme May n'aura pas grand chose à leur présenter de neuf, ouvrant la voie à une nouvelle défaite humiliante.
L'accord est "dans le pétrin, vraiment dans le pétrin", commentait la BBC.
En fin de matinée, un porte-parole de la dirigeante conservatrice a indiqué qu'elle n'avait pas l'intention, "pour le moment", de se rendre à Bruxelles lundi pour finaliser d'éventuelles modifications de dernière minute.
"Les discussions avec l'UE sont en cours", a-t-il toutefois affirmé, précisant qu'une déclaration écrite de Theresa May devait être publiée lundi.
Le porte-parole a également indiqué que le vote aurait bien lieu mardi, alors qu'en l'absence de résultat tangible dans les discussions, les spéculations allaient bon train dans la capitale britannique, entre report du vote ou vote sur l'accord que voudraient idéalement les Britanniques...
Les Européens estiment avoir été au bout des concessions qu'ils pouvaient faire au gouvernement britannique pour lui permettre de convaincre ses députés d'approuver le traité de retrait.
M. Barnier avait exposé vendredi soir dans une série de tweets les dernières propositions européennes. Il avait notamment souligné que l'UE était prête à donner une valeur "juridiquement contraignante" à des engagements déjà pris dans une lettre cosignée par les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne.
Un report potentiellement coûteux
Il s'agit de garanties concernant le caractère temporaire du "filet de sécurité irlandais" (ou "backstop" en anglais), un dispositif du traité de retrait imaginé pour éviter le retour d'une frontière entre les deux Irlandes, afin de préserver les accords de paix de 1998.
Mais l'offre européenne n'a pas vraiment convaincu côté britannique.
Dans ces circonstances, "il est inévitable que cet accord de retrait inchangé soit rejeté une nouvelle fois", ont prédit dans la presse le député conservateur Steve Baker et son collègue Nigel Dodds, du petit parti nord-irlandais DUP, allié de Mme May au Parlement.
Fustigeant la stratégie du gouvernement, le porte-parole sur le Brexit du Labour, principal parti d'opposition, Keir Starmer, a raillé "huit semaines d'échec" dans les discussions avec Bruxelles, qui ont mené "strictement nulle part".
Un rejet de l'accord pourrait signifier que le Royaume-Uni quittera l'UE dans le chaos le 29 mars, après 46 ans d'une relation souvent houleuse. Il pourrait aussi aboutir à un report de la sortie.
Si le texte devait effectivement être rejeté, Mme May a décidé d'organiser un vote mercredi sur la possibilité de sortir de l'UE sans accord.
Si les députés refusent cette option, ils voteront jeudi sur une proposition de report "limité" du Brexit, au-delà du 29 mars. Mais les 27 pays de l'UE devront donner leur accord et les dirigeants européens ont prévenu que pour être accepté, tout report devra être dûment justifié.
Les Européens n'accepteront pas "d'avancer à l'aveugle", leur position sera fonction "de la durée et de la finalité de l'extension demandée", estime un diplomate.
Un report pourrait aussi coûter cher au Royaume-Uni, le quotidien The Daily Telegraph évoquant une facture de plus d'un milliard de livres par mois.
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