Ironique consolation pour celui qui s'est fixé le défi de se rendre dans tous les pays qui reconnaissent encore l'île, la liste n'est pas bien longue. Ils ne sont plus en effet que 17 à encore soutenir Taïwan, en raison de la débauche d'efforts de Pékin pour isoler l'île sur la scène internationale.
La Chine continentale et Taïwan sont dirigés par des régimes rivaux depuis 1949, après une guerre civile entre communistes établis à Pékin et nationalistes du Kuomintang réfugiés à Taipei. Pékin considère toujours Taïwan comme partie intégrante de son territoire susceptible d'être reprise par la force.
Les deux rives du Détroit de Formose qui sépare Taïwan du continent se considèrent, chacune, comme la véritable "Chine", ne laissant la possibilité aux autres pays du monde que d'en soutenir une seule.
Ben Wu, 25 ans, a eu son idée de voyage en juin dernier à bord du Transsibérien. Cet auteur d'un blog de voyages lisait un article sur la lente disparition des alliés de Taïwan quand il réalisa qu'il n'en connaissait que trois: Haïti, Tuvalu et le Vatican.
Celui qui vit de ses vidéos sur YouTube se trouvait l'été dernier au ministère des Affaires étrangères à Taipei le jour de la dernière défection en date d'un allié de Taïwan, en l'occurrence le Salvador. Il a assisté au retrait du drapeau salvadorien du hall du ministère.
Tournée américaine
"La plupart des jeunes ne savent rien de nos alliés et n'en entendent parler que quand on en perd un, ce n'est pas bien", confie Benjamin Wu à l'AFP à son domicile de Taipei.
"Ils devraient en entendre parler différemment", dit-il. Et c'est ce qu'il s'échine à faire avec "Les aventures de Ben", sa chaîne sur YouTube, qui totalise des dizaines de milliers de vues.
On le voit dans une vidéo sur un petit bateau en bois par gros temps dans l'archipel des Salomon. D'autres vidéos le montrent face à un sorcier du royaume d'eSwatini, l'ancien Swaziland. Ou mangeant de la noix de bétel aux Iles Kiribati. Ou encore parcourant les allées d'un supermarché des Iles Marshall pour trouver de la nourriture taïwanaise.
Sur la liste des alliés de Taïwan, Ben Wu a aussi coché Tuvalu et Nauru, et devait ce mois-ci effectuer une tournée en Amérique du Sud et aux Caraïbes, avec des étapes au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua, au Paraguay, en Haïti, au Belize, à Sainte-Lucie, à Saint-Vincent-et-les-Grenadines et à Saint-Kitts-et-Nevis.
Il prévoit d'achever cet été son odyssée par une visite au Vatican et aux îles Palaos.
"J'adore les voyages et certains des alliés de Taïwan sont des pays peu connus et difficiles à atteindre. J'espère explorer tous ces pays méconnus pour mener une diplomatie de l'humain", dit-il.
La très grande majorité des pays du monde se sont rangés derrière la Chine continentale à mesure que s'est affirmé son poids économique et politique.
Mais cela n'a pas toujours été le cas. La République de Chine, à savoir Taïwan, était initialement reconnue par la majorité. Sa fortune a tourné en 1971 quand l'Assemblée générale de l'ONU a reconnu la République populaire comme la seule représentante légitime de la Chine.
"J'ouvre une porte"
Les alliés ont alors commencé à tomber comme des dominos, Washington établissant même en 1979 des relations avec Pékin.
Depuis l'élection en 2016 à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, qui est issue d'un parti traditionnellement favorable à l'indépendance, Pékin a intensifié ses efforts en direction des derniers alliés de l'île.
Cinq ont ainsi été récupérés par la Chine continentale. Celle-ci a également empêché Taïwan de participer à des rencontres internationales majeures et augmenté la pression sur des entreprises étrangères, notamment des compagnies aériennes et des hôtels, pour qu'elles référencent Taïwan comme appartenant à la Chine.
A en croire J. Michael Cole, un spécialiste des questions taïwanaises à l'Université de Nottingham mais qui vit à Taïwan, ce sont les pays du Pacifique qui sont désormais les plus susceptibles de changer de camp.
"Pékin n'économise pas ses efforts", dit-il à l'AFP, en soupçonnant que ceux-ci vont encore s'intensifier du fait de la décision de Mme Tsai de briguer un second mandat en 2020.
Mais dans le même temps, observe-t-il, cette dernière a "su renforcer les liens avec des alliés officieux qui, au final, ont une influence diplomatique et économique beaucoup plus forte que les petits Etats avec qui il y a des relations officielles."
Ben Wu dit, lui, vouloir mieux connaître ces pays demeurés loyaux à l'égard de l'île, et ce même si certains comme Tuvalu ne comptent que 12.000 habitants.
"Ces pays sont une voix au sein des organisations internationales. Ils peuvent parler pour Taïwan et sensibiliser les autres à sa difficile situation diplomatique", croit-il, en espérant que son initiative fera tache d'huile.
"Je cherche à présenter la culture, les traditions, les coutumes et les endroits touristiques de nos alliés d'une façon détendue pour que les gens connaissent ces pays. J'ouvre une porte pour que les gens aillent explorer par eux-mêmes."
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