Malgré de nouvelles réunions de travail cette semaine à Bruxelles, le Royaume-Uni n'a pas obtenu les concessions de l'Union européenne dont il estime qu'elles pourront faire pencher la balance en faveur de ce texte destiné à organiser une sortie ordonnée, qui sera présenté à nouveau mardi devant la Chambre des Communes après avoir été rejeté une première fois - massivement - en janvier.
Alors que les tractations doivent se prolonger ce week-end, Mme May est montée au front vendredi pour demander aux dirigeants européens de lâcher du lest.
"Mon message (à l'UE) est: c'est le moment d'agir. Nous avons travaillé dur ensemble au cours des deux dernières années pour aboutir à un accord", a déclaré la dirigeante conservatrice dans un discours dans une entreprise de fabrication d'éoliennes à Grimsby, une ville portuaire du nord-est de l'Angleterre qui avait massivement voté en faveur du Brexit.
"Nous avons juste besoin d'un effort supplémentaire, pour répondre aux dernières inquiétudes très spécifiques de notre parlement. Alors allons-y", a-t-elle ajouté dans ce qui s'apparentait à une supplique.
Mme May a dans le même temps mis en garde les députés britanniques contre la tentation de rejeter à nouveau l'accord qu'elle a conclu avec Bruxelles fin novembre : "Soutenez cet accord et le Royaume-Uni sortira de l'Union européenne. Rejetez-le et personne ne sait ce qui se produira".
"Nous pourrions rester dans l'UE encore de nombreux mois. Nous pourrions sortir sans la protection d'un accord. Nous pourrions ne jamais sortir", a ajouté la cheffe de l'exécutif britannique, en référence à un éventuel report du Brexit ou à l'organisation d'un nouveau référendum.
'Les meilleurs amis de l'UE'
Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt a prévenu de son côté que les générations futures jugeraient que l'UE avait eu "tout faux" en cas d'échec des discussions.
"C'est un moment de changement dans les relations entre le Royaume-Uni et l'UE et l'histoire jugera très mal les deux parties si nous nous trompons", a-t-il déclaré vendredi matin sur les ondes de la BBC Radio 4.
"Nous voulons rester les meilleurs amis de l'UE. Cela signifie qu'il faut faire adopter cet accord d'une manière qui n'empoisonne pas nos relations pendant de nombreuses années à venir", a-t-il insisté.
Les Britanniques cherchent à obtenir des assurances sur le passage de l'accord de divorce concernant le "filet de sécurité" irlandais. Ce dispositif de dernier recours a été imaginé pour éviter le retour à une frontière physique entre la République d'Irlande, membre de l'UE, et l'Irlande du Nord, une des quatre nations constitutives du Royaume-Uni.
Mais les Européens excluent de renégocier l'accord de divorce, comme l'a encore rappelé jeudi la ministre française chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau, en visite dans la capitale britannique.
Cet accord est le "meilleur et seul accord possible" et il n'est "pas question de (le) rouvrir ou de renégocier", a-t-elle déclaré. "Arrêtons de faire une fixation sur les conditions de notre séparation, travaillons à (...) la relation future", a-t-elle ajouté.
Elle a aussi rappelé que l'UE était disposée à "réfléchir" à des "clarifications" mais qu'elle attendait aussi des "propositions" de la part de Londres.
Si les députés britanniques rejettent mardi l'accord de retrait, Theresa May leur demandera le lendemain s'ils veulent quitter l'UE sans accord. S'ils rejettent un "no deal", elle leur soumettra jeudi une proposition de report "limité" du Brexit, prévu le 29 mars.
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