Les manifestations coïncident avec la célébration du 8 mars, Journée internationale des Femmes qui devraient être nombreuses dans les cortèges, prévus pour s'ébranler dans de nombreuses villes en début d'après-midi, après la grande prière hebdomadaire.
Dans le centre d'Alger, les rues sont désertes et la plupart des commerces fermés, vendredi étant le premier jour de week-end en Algérie, mais de très nombreux véhicules de police y sont déployés.
Plusieurs véhicules anti-émeutes, dont un canon à eau, sont disposés près des lieux de rassemblements habituels des manifestants et l'hélicoptère qui survole Alger à chaque manifestation bourdonne déjà dans le ciel.
Lors des précédentes manifestations, à l'exception de quelques heurts localisés en fin de rassemblements à Alger entre petits groupes de casseurs et policiers, les cortèges ont été pacifiques et se sont déroulés sans incident.
Jeudi, M. Bouteflika, 82 ans, hospitalisé en Suisse depuis plus de dix jours et dont le retour en Algérie n'a toujours pas été annoncé a, dans un message à l'occasion du 8 mars, agité le spectre du "chaos" et de la division et dénoncé, sans les nommer, les ennemis "insidieux" de "l'intérieur et de l'extérieur" et ceux "qui conspirent" contre l'Algérie.
En creux, le chef de l'Etat, très diminué par les séquelles d'un AVC dont il a été victime en 2013, réaffirme qu'il n'entend pas renoncer à briguer un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril.
"Nous ne lâcherons pas"
Mais la rue algérienne ne semble pas prête non plus à céder, malgré les rappels du chef de l'Etat, présenté par ses partisans comme le garant de la paix, sur la "tragédie nationale" de la décennie de guerre civile et la déferlante du Printemps arabe.
Des périls qu'a déjà brandi le camp présidentiel à plusieurs reprises depuis le début le 22 février de la contestation contre M. Bouteflika, inédite depuis sa première élection à la tête de l'Etat en 1999, sans parvenir à faire baisser la mobilisation.
Les dirigeants "ne vont pas lâcher facilement, mais nous ne lâcherons pas non plus", a dit jeudi soir à l'AFP un chauffeur de taxi, alors que les Algériens parlent désormais ouvertement et en public de la contestation, de leur ras-le-bol et de leur participation aux manifestations.
"Dans mon quartier, le 22 février, moins de la moitié des habitants sont allés manifester, le 1er mars ils étaient environ deux sur trois à dire qu'ils iraient marcher et (ce vendredi), 100% des gens disent qu'ils seront dans la rue", a-t-il affirmé.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag "#Mouvement_du_8_Mars" s'est répandu ces derniers jours, appelant à une mobilisation massive à travers les grandes villes d'Algérie.
Les "18 commandements"
Circulent également les "18 commandements des marcheurs du 8 mars" rappelant le caractère pacifique de la contestation et appelant les manifestants à faire de vendredi "un jour de fête" et à se munir "d'amour, de foi, de drapeaux algériens et de roses".
Parmi ces commandements écrits par le poète et écrivain Lazhari Labter: "Pacifiquement et tranquillement je marcherai", "A aucune provocation je ne répondrai", "Les baltaguias (casseurs payés par le pouvoir) j'isolerai et à la police je les remettrai", "Pas une pierre je ne jetterai, "Pas une vitre je ne briserai", "Après la marche (...) je nettoierai".
A Alger, s'organisent également sur les réseaux sociaux des groupes de "brassards verts", volontaires qui s'occuperont d'orienter et encadrer les marcheurs, prévenir les risques de bousculades, apporter quelques premiers soins, notamment en cas de projection de gaz lacrymogènes et nettoyer les rues à l'issue de la manifestation.
Dans certains quartiers périphériques de la capitale, des propriétaires de véhicules ont organisé des navettes pour transporter ceux qui veulent manifester vers le centre-ville, ont indiqué certains d'entre eux à l'AFP, alors que selon les réseaux sociaux, une partie des lignes de métro et de tramway ne fonctionnait pas vendredi matin.
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