"Le centre pénitentiaire de Condé est toujours bloqué. 50 agents étaient devant à 7H00", a indiqué le service de communication régional de l'administration pénitentiaire. Jeudi matin les forces de l'ordre étaient intervenues pour y déloger les manifestants le temps que de la nourriture puisse entrer dans la prison et que les officiers puissent prendre leur service.
D'après l'administration pénitentiaire centrale, trois autres prisons étaient bloquées vers 9H00, celles de Seysses-Muret (Haute-Garonne), d'Orléans et des Baumettes à Marseille.
Selon Emmanuel Baudin, secrétaire général FO-Pénitentiaire, "il y a 80 établissements en mouvement, mais certains ne le sont déjà plus car les forces de l'ordre sont intervenues. La mobilisation passe par des blocages, des retards de prise de service, des services minimum à l'intérieur".
Vers 08H30, l'accès à la prison marseillaise des Baumettes était à nouveau bloqué par une centaine de surveillants, rejoints par une vingtaine de "gilets jaunes", a indiqué David Cucchietti (FO). "Notre état d'esprit, c'est qu'on veut absolument que notre cause avance, qu'ils lâchent quelque chose. Nous, de toute façon on ne lâchera pas, on ne peut pas continuer de travailler dans ces conditions", a-t-il ajouté.
"Pour qu'on obtienne quelque chose, il faut vraiment qu'on fasse un mouvement très dur", a-t-il ajouté, expliquant qu'il y avait "de grandes chances que le mouvement fasse une petite pause ce week-end avant de repartir" la semaine prochaine.
En Bourgogne, il y a eu quelques retards de quinze minutes lors des prises de service mais pas d'établissement bloqué dans la région, selon les services de l'administration pénitentiaire et un syndicaliste de l'UFAP-Unsa.
Il y avait en revanche un blocage des portes d'entrée par une quarantaine de personnes à Châteauroux et une quinzaine à Orléans: le personnel pouvait rentrer mais pas les intervenants ni les livraisons, selon les services de l'administration pénitentiaire.
- militants syndicaux délogés -
L'accès à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande d'Europe, a été elle bloqué durant quelques heures vendredi matin par des militants syndicaux, qui ont été délogés sans heurts par les forces de l'ordre vers 08H00, a-t-on appris de source syndicale.
Pour le secrétaire général CGT-Pénitentiaire Christopher Dorangeville, il faut que les syndicats soient reçus par la ministre "pour mettre sur la table les difficultés que l'on rencontre au quotidien".
"Tout cela avait déjà été évoqué en 2018, mais un seul syndicat (Ufap-Unsa, NDLR) avait accepté de signer les propositions de la ministre" Nicole Belloubet, a-t-il estimé.
Mardi, après l'agression le matin de deux surveillants avec des couteaux en céramique, Michaël Chiolo, 27 ans, qui purgeait une peine de trente ans et s'est radicalisé en prison, s'était retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale (uvf) de la prison. Après de vaines tentatives de négociations, le RAID avait lancé l'assaut, conduisant à l'interpellation du détenu et au décès de sa compagne.
"Quand on entend les énormités de la ministre de la Justice qui dit qu'on ne comprend pas pourquoi les gens n'ont pas été fouillés, c'est à tomber à la renverse. On ne peut pas faire de palpation sur les visiteurs extérieurs", a regretté Stéphane Canuti, délégué de FO-Pénitentiaire en Corse.
"Dans les stades de foot, les concerts ou les aéroports, les gens sont fouillés, palpés par des agents de sécurité privés et nous, fonctionnaires d'Etat, dans un milieu où il y a des gens dangereux, on nous dit qu'on ne peut pas fouiller", a-t-il déploré.
En janvier 2018, un vaste mouvement de trois semaines avait démarré après l'agression par un détenu jihadiste de trois surveillants à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), prison la plus sécurisée de France avec celle de Condé-sur-Sarthe.
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