L'Organisation de coopération et de développement économiques explique ce nouveau coup de frein par "la hausse des incertitudes politiques, des tensions commerciales persistantes et une diminution continue de la confiance des entreprises et des consommateurs".
La croissance a été révisée à la baisse dans presque toutes les économies du G20, en particulier pour la zone euro où elle se limiterait à 1%, contre 1,8% encore projetés au trimestre dernier.
Pour 2020, la croissance de la zone euro est prévue à 1,2%, soit également un coup de rabot de 0,4 point de pourcentage par rapport aux dernières prévisions.
"Avec une croissance nettement affaiblie, les créations d'emplois dans la zone euro pourraient être divisées par deux à 2 millions d'euros pour les années 2019-2020, alors que les créations nettes étaient d'environ 4 millions pour les années 2017-2018", a expliqué Laurence Boone, économiste en chef de l'OCDE, lors d'une conférence de presse à Paris.
Au sein de la zone, le ralentissement est particulièrement brutal cette année pour l'Allemagne (-0,9 point à 0,7%) et l'Italie (-1,1 point à -0,2%). La France s'en sort mieux (-0,3 point à 1,3%) car son économie est moins dépendante des exportations.
Mais "si l'Allemagne s'affaiblit, cela a un impact dans toute la zone euro", a souligné Mme Boone, ajoutant que c'était également vrai pour l'Italie.
Brexit dur
Pour rétablir la confiance, l'OCDE conseille aux gouvernements de la zone euro de libéraliser leurs marchés, en particulier dans les services, afin d'augmenter la productivité. Pour les pays dont l'endettement public ne dépasse pas 80% du PIB, c'est à dire notamment l'Allemagne, l'organisation recommande en outre des baisses d'impôts pour soutenir la demande.
Le Royaume-Uni voit quant à lui sa croissance anticipée ramenée à 0,8%, contre 1,4% prévu auparavant. Mais c'est encore sans compter avec les effets d'un Brexit sans accord, une perspective de plus en plus réelle à mesure qu'approche le 29 mars, date de sortie prévue de l'UE.
L'OCDE souligne que "si le Royaume-Uni et l'Union européenne venaient à se séparer sans accord, la perspective serait significativement plus faible" pour la Grande-Bretagne: son produit intérieur brut (PIB) se trouverait amputé de 2% au cours des deux prochaines années, par l'effet de l'application des droits de douane de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Risque chinois
A la suite de tarifs douaniers adoptés notamment par les Etats-Unis, le commerce mondial a déjà "fortement ralenti", et "les nouvelles commandes mesurées dans de nombreux pays continuent à décliner", note encore l'OCDE.
Déjà, les seules barrières érigées en 2018 "pèsent sur la croissance, l'investissement et les niveaux de vie, en particulier des ménages à faibles revenus".
L'organisation souligne aussi que l'activité planétaire est particulièrement exposée à un ralentissement qui serait plus prononcé que prévu en Chine, où elle projette une croissance de 6,2% cette année (contre 6,3% en novembre dernier) et de 6% en 2020 (inchangé).
"Les tensions commerciales pèsent de plus en plus sur les exportations et la production industrielle" dans la deuxième économie mondiale, constate l'OCDE.
La dette accumulée par les pays émergents et en particulier par la Chine est aussi source d'inquiétude car "une grande partie de cette dette doit être remboursée ou refinancée au cours des trois prochaines années", a souligné Mme Boone, qui a rappelé que la dette des entreprises non financières en Chine s'élevait à 155% du PIB, "ce qui est colossal".
L'organisation a simulé l'effet qu'aurait sur l'économie mondiale un ralentissement chinois plus fort qu'anticipé: une chute de deux points de la croissance du PIB en Chine amputerait la croissance mondiale de 0,4 point de pourcentage.
"Si la Chine éternue, nous allons tous nous enrhumer", a résumé la cheffe économiste de l'OCDE. Le Japon, les autres pays d'Asie orientale, les producteurs de matières premières ainsi que l'Allemagne en seraient particulièrement affectés.
L'Inde, dont la croissance devrait atteindre 7,3% cette année, l'Indonésie (5,2%) et l'Afrique du Sud (1,7%) ne font pas l'objet d'une révision par rapport aux prévisions d'automne, tandis que l'Argentine reste en récession mais avec une perspective un peu moins sombre (-1,5% contre -1,9%). Enfin, l'économie brésilienne devrait voir sa reprise s'accélérer à 1,9% en 2019 puis à 2,4% en 2020, après seulement 1,1% l'an dernier.
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