Les FDS ont ralenti depuis dimanche leur assaut contre le dernier réduit de l'EI pour permettre aux civils encore retenus dans la poche jihadiste et aux combattants qui veulent se rendre de quitter cette enclave dans le village de Baghouz, dans la province orientale de Deir Ezzor.
Depuis dimanche seulement, "environ 3.000 personnes ont été évacuées de la poche de l'EI", indiquait lundi soir un porte-parole des FDS, Mustafa Bali.
"Parmi le groupe se trouvaient un grand nombre de jihadistes de l'EI qui se sont rendus", a-t-il souligné sur son compte Twitter.
Après l'évacuation de milliers de civils en plus de deux semaines, principalement des femmes et des enfants de jihadistes, les FDS avaient repris vendredi leur assaut contre les derniers combattants de l'EI, avec l'appui des raids aériens de la coalition.
"Il y a toujours des civils à Baghouz et les FDS tentent de les libérer", a précisé lundi soir à l'AFP un responsable média des FDS sur le terrain, n'excluant pas "que le processus d'évacuation se poursuive jusqu'à" mardi.
Il a accusé l'EI d'utiliser les civils comme "boucliers humains et de les empêcher de sortir".
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a lui fait état de l'"évacuation de 280 jihadistes" ayant capitulé depuis le ralentissement des opérations.
"Frappes aériennes"
Après une montée en puissance fulgurante en 2014, l'EI avait proclamé en juin de la même année un "califat" sur des pans entiers de la Syrie et de l'Irak voisin.
Mais face à plusieurs offensives ces deux dernières années, les jihadistes ont vu leur territoire se réduire comme peau de chagrin.
Dans le secteur de Baghouz, les jihadistes sont une nouvelle fois confrontés à un déluge de feu, avec les tirs d'artillerie mais surtout les frappes aériennes de la coalition internationale.
"Ces frappes continuent à l'heure actuelle", a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
"Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie contre la zone jihadiste se sont poursuivis jusqu'à mardi à l'aube pour empêcher les jihadistes de mener des contre-attaques ou de prendre la fuite", a précisé M. Abdel Rahmane.
La coalition anti-EI n'était pas joignable dans l'immédiat pour confirmer ces raids.
Plus de 54.000 personnes, principalement des familles de jihadistes, ont déjà quitté l'ultime réduit depuis décembre, selon l'OSDH. Parmi eux, plus de 5.000 jihadistes ont été arrêtés, d'après cette source.
La grande majorité des évacués sont transférés vers le camp de déplacés d'Al-Hol, plus au nord, où les dizaines de milliers de personnes s'entassent dans des conditions décriées comme rudes par les ONG.
"Aide immédiate"
La population du camp s'élève désormais à plus de 56.000 habitants, "dont plus de 90% sont des femmes et des enfants", a indiqué mardi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU en Syrie.
"Entre le 22 février et le 1er mars, environ 15.000 personnes sont arrivés dans le camp", a ajouté l'OCHA, faisant état de la mort de 90 personnes, dont les deux tiers sont âgés de moins de cinq ans, lors des trajets précaires les emmenant de Baghouz vers Al-Hol ou juste après leur arrivée dans le camp.
Les personnes qui y vivent ont besoin d'une "aide immédiate", a averti lundi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué.
"Les gens sont emmitouflés dans des vêtements, car ils n'ont pas d'endroits fermés où aller. Certains n'ont même pas de tentes et restent exposés à la pluie, le vent, et des températures" extrêmes, a déploré l'ONG.
Si l'EI perd sa dernière poche de Baghouz, cela signerait la fin territoriale du "califat" en Syrie après sa défaite en Irak en 2017.
Mais le groupe a déjà entamé sa mue en organisation clandestine. Ses combattants sont disséminés dans le désert syrien (centre) et parviennent toujours à mener des attentats meurtriers.
La bataille contre l'EI représente aujourd'hui le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 360.000 morts depuis 2011, au moment où le régime, soutenu par la Russie et l'Iran, a repris le contrôle de près des deux-tiers du pays.
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