Dans un communiqué, Ford-France a annoncé dans la nuit de lundi à mardi l'homologation du PSE par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) à l'échéance de lundi minuit. Le constructeur a salué une "étape importante", qui permet de "lever une partie des incertitudes qui pesaient sur nos employés quant à leur avenir".
Dès mardi matin, la CGT de cette usine des environs de Bordeaux a annoncé son intention de contester ce plan devant le tribunal administratif.
"Le PSE n'a aucun fondement, aucune justification économique. Tout le monde le sait, tout le monde l'a dit durant cette dernière année", a dénoncé le syndicat dans un communiqué. "Ce que le gouvernement n'a pas pu faire ou pas su faire ou pas voulu faire, nous allons le tenter. Nous allons attaquer en justice pour faire invalider ce PSE".
Le gouvernement, qui s'est beaucoup impliqué, sans succès, dans ce dossier a voulu mettre Ford devant "sa responsabilité". "Le plan social a été adopté mais à nouveau des choses doivent être poussées dans lesquelles Ford doit s'impliquer : la reconversion du site, la dépollution des sols et puis comment on réindustrialise un bassin", a souligné sur France 2 son porte-parole Benjamin Griveaux.
Aux termes du PSE, dont une première mouture avait été rejetée fin janvier, entre 300 et 400 salariés selon des sources syndicales pourraient être éligibles à la pré-retraite, dans une usine à la moyenne d'âge de 51 ans, quelques dizaines d'autres reclassés dans l'usine voisine GTF, codétenue par Ford et le canadien Magna.
Le reste, environ 400 à 500 salariés, devraient être licenciés avec 2 à 3 ans d'accompagnement et de couverture chômage, selon les syndicats. Mais pour les moins reclassables et loin de la retraite, "le risque de la précarité" est au bout de ce délai, selon la CGT.
Le PSE, selon des sources proches du dossier, porterait sur une moyenne de 190.000 euros par salarié. Un chiffre contesté par les syndicats, pour lesquels ce "budget" moyen masque en outre de fortes disparités.
Ford a pour sa part salué un plan social "très complet" qui comprend "à la fois, un plan reclassement et de retraite anticipée" et "des mesures visant à aider les salariés à retrouver un emploi salarié, à créer leur propre entreprise ou encore à bénéficier de formations de reconversion".
"Réindustrialisation" incertaine
La production de boîtes de vitesse, qui tourne depuis des mois au ralenti, devrait cesser fin août, selon les syndicats.
Selon des sources syndicales, une part croissante du personnel, quoique ulcérée par le désengagement de Ford, avait peu à peu basculé en faveur du PSE, à la fois pour ses conditions jugées plutôt correctes pour le secteur (métallurgie), et par lassitude des faux espoirs soulevés par l'offre de reprise du Strasbourgeois Punch-Powerglide, deux fois rejetée par Ford.
Ford avait annoncé en février 2018 son intention de se désengager de Blanquefort, usine implantée en 1972, qui a employé jusqu'à 3.600 salariés. Mais la fermeture devrait impacter l'emploi girondin plus largement, en raison, selon les syndicats, d'environ 2.000 emplois induits.
Ces derniers jours, le président Emmanuel Macron, dénonçant le "cynisme" de Ford, a assuré que l'Etat allait "forcer l'entreprise à revitaliser" le site et "donc à investir pour sa conversion industrielle". Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé avoir demandé 20 M EUR à Ford pour "réindustrialiser" le site.
Simples "postures combatives" pour faire oublier un Etat "impuissant" à faire plier Ford, a dénoncé Philippe Poutou, délégué CGT de Ford-Blanquefort. Pour lui, l'Etat doit "prendre le contrôle de l'usine, réquisitionner le parc machines".
M. Le Maire estimait il y a quelques jours qu'il ne fallait "pas fermer la porte à une reprise plus tard, d'ici un an ou deux, par Punch", tout en écartant l'idée que l'Etat reprenne l'usine en attendant. Pour lui, "l'urgence aujourd'hui" consiste à ce que Ford "paie".
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