"Essayer de m'enlever serait sans aucun doute une des dernières erreurs qu'il commettrait", a lancé M. Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, dans une adresse à ses partisans via les réseaux sociaux dimanche soir.
L'opposant de 35 ans, qui a bravé une interdiction de sortie du territoire pour une mini-tournée dans la Colombie voisine, au Brésil, au Paraguay, en Argentine et en Equateur, s'est exprimé au côté de son épouse Fabiana, devant un drapeau vénézuélien. Il n'a pas précisé où il se trouvait.
Plus tôt dans la journée, le chef de l'opposition avait annoncé sur Twitter son retour lundi à Caracas et appelé la population à manifester "dans tout le pays demain à 11H00 (15H00 GMT)".
"Ca va bien, parce que nous sommes ensemble. Allez le Venezuela!", avait par ailleurs écrit M. Guaido à ses partisans.
Dimanche à la mi-journée il était toujours en Equateur, alors que son agenda officiel avait annoncé son départ dans la matinée.
Très peu de liaisons desservent désormais Caracas et les détails de son voyage ne sont pas connus. Il s'était rendu clandestinement en Colombie il y a une dizaine de jours en traversant la frontière terrestre grâce à l'aide, a-t-il affirmé, de militaires complices.
Le retour de l'opposant représente un défi pour le président socialiste Nicolas Maduro, qui doit décider s'il l'arrête, au risque de provoquer une forte réaction internationale, ou s'il le laisse rentrer sans encombre et braver son autorité.
"Situation très délicate"
"Le défi est déjà allé très loin! S'il rentre et qu'ils l'arrêtent, ça risque de provoquer de fortes réactions au plan national et international. C'est un risque permanent pour Maduro", a expliqué à l'AFP l'analyste politique Luis Salamanca.
Le Venezuela traverse depuis une quarantaine de jours une série de turbulences politiques, en plus d'une violente crise économique et d'une hyperinflation estimée à 10 millions de pour cent par le FMI sur l'année, provoquant des pénuries de produits de base et de médicaments.
M. Guaido s'est rendu en Colombie avec son épouse pour assister à un méga concert le 22 février à Cucuta, à la frontière, et soutenir le passage d'une aide humanitaire -- finalement restée bloquée -- avant d'entreprendre sa tournée où il a été à chaque fois reçu en chef d'Etat.
Nicolas Maduro a répété cette semaine qu'en tant que chef du Parlement, son rival se devait de "respecter la loi" et que s'il rentrait au pays, il devrait "rendre des comptes à la justice".
M. Guaido fait l'objet d'une enquête de la Cour suprême pour "usurpation" de pouvoir. Il est à ce titre interdit de sortie du territoire et a vu ses avoirs gelés, même s'il n'a pas jusqu'à présent été formellement mis en accusation.
"Il doit rentrer pour continuer de faire pression de l'intérieur, même si le soutien international dont il bénéficie est énorme. Nous sommes face à une situation très délicate et chaque minute qui passe nous rapproche d'un dénouement dont on espère qu'il ne sera pas catastrophique", a expliqué à l'AFP Eufracio Infante, avocat de 64 ans et professeur d'histoire.
Mises en garde internationales
Les Etats-Unis et les treize pays du Groupe de Lima, qui soutiennent pour la plupart M. Guaido, ont exprimé leurs préoccupations concernant la sécurité de l'opposant.
Dimanche, l'Union européenne a de nouveau mis en garde sur Twitter contre toute intervention sur la personne de l'opposant: "Toute atteinte à la liberté, la sécurité ou l'intégrité personnelle de @jguaido constituerait une escalade des tensions et serait fortement condamnée".
Le gouvernement américain, qui n'écarte pas une intervention militaire dans le pays, a aussi prévenu que s'il arrivait quelque chose à M. Guaido, "il y aurait des conséquences".
"Guaido a pris tellement d'ampleur politiquement, que Maduro ne peut plus y toucher à la manière des +chavistes+ (partisans de l'ex-président Hugo Chavez, ndlr), le mettre sous pression, le harceler et l'obliger à fuir", a estimé l'analyste Luis Salamanca.
Président du Parlement, que domine l'opposition, Juan Guaido s'est proclamé président par intérim le 23 janvier et a déclaré M. Maduro "usurpateur" en raison des soupçons de fraudes qui pèsent sur l'élection de ce dernier à un deuxième mandat.
Depuis, il a convoqué plusieurs manifestations de soutien qui ont fait une quarantaine de morts et des centaines de blessés, selon les ONG.
Dimanche, un troisième Vénézuélien est décédé à l'hôpital de Boa Vista, au Brésil, près de la frontière avec le Venezuela, selon les autorités locales brésiliennes. Il avait été blessé lors des violences provoquées par le blocus de l'aide humanitaire.
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