Le camp présidentiel avait annoncé que le dossier de candidature de M. Bouteflika serait bien déposé ce 3 mars avant minuit (23H00 GMT), ultime jour du délai légal.
Depuis, la contestation a enflé, notamment vendredi, où des manifestations monstres ont rassemblé à Alger et à travers le pays des dizaines de milliers d'hommes et femmes de tous âges qui ont scandé leur refus d'un 5e mandat.
Mais le président et ses partisans ne semblent pas décidés à céder à la rue.
"Ceux qui ont conditionné leur participation au retrait de la candidature du Président de la République, sans le moindre scrupule pour le respect des règles de la compétition politique en démocratie, seront (...) déçus", fait savoir dimanche El-Moudjahid, organe de presse officiel du gouvernement dans son éditorial, traditionnel vecteur de messages.
Samedi, M. Bouteflika a publié son patrimoine, comme l'exige des candidats la loi électorale. Il a également remercié son directeur de campagne Abdelmalek Sellal, 70 ans, un fidèle qui fut son Premier ministre, pour le remplacer par un homme plus jeune, peu connu du grand public.
Accès au Conseil constitutionnel bloqués
Associé de longue date dans l'opinion à M. Bouteflika, dont il a dirigé les trois précédentes campagnes victorieuses (2004, 2009, 2014), il a été remplacé par Abdelghani Zaalane, ministre des Transports de 54 ans, haut fonctionnaire issu de l'administration préfectorale.
M. Sellal semble avoir servi de "fusible" pour tenter de calmer la contestation. Il était très exposé en l'absence physique du candidat Bouteflika, affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC et hospitalisé depuis maintenant une semaine à Genève, pour des "examens médicaux périodiques", selon la présidence.
Le retour en Algérie de M. Bouteflika, qui ne s'est plus adressé aux Algériens depuis son AVC et ne fait plus que de rares apparitions publiques, n'a toujours pas été annoncé, à une douzaine d'heures de l'expiration du délai d'enregistrement des dossiers de candidatures.
Sur son site internet, le Conseil constitutionnel indique que le dossier "doit être déposé par le candidat" sur rendez-vous. Aucune disposition légale ne semble cependant obliger un candidat à se présenter en personne au Conseil constitutionnel pour y remettre son dossier.
Contrairement aux scrutins précédents, les très nombreux reporters sur place ont été cloîtrés dans une salle, d'où ils ne peuvent voir qui arrive et repart et sont tributaires de la volonté ou non du candidat de se présenter devant eux pour une déclaration, selon une journaliste de l'AFP.
Un important dispositif policier est déployé autour du Conseil constitutionnel et la rue dans laquelle il se trouve est fermée à la circulation depuis tôt le matin.
Six dossiers déposés
Le général à la retraite Ali Ghediri, débarqué de façon fracassante sur la scène politique algérienne fin 2018 en promettant "le changement" et "une IIe République" s'est présenté dans la matinée au Conseil constitutionnel pour y déposer son dossier.
Un moment vu comme un possible grain de sable imprévu dans les rouages d'une présidentielle dont la victoire semblait acquise à M. Bouteflika, réélu haut la main au 1er tour avec plus de 80% des voix depuis 2004, M. Ghediri, candidat sans parti, s'était fait très discret ces dernières semaines.
Il est le 6e candidat à déposer son dossier, après cinq petits candidats dont le plus connu est Abdelaziz Belaïd, 55 ans: transfuge du Front de libération nationale (FLN), ex-parti unique formation de M. Bouteflika, qu'il a quittée en 2011 pour créer le Front Al-Moustakbel, il a recueilli 3% des voix à la présidentielle de 2014.
L'homme d'affaires Rachid Nekkaz, omniprésent sur les réseaux sociaux et qui draine des foules de jeunes enthousiastes, a indiqué avoir rendez-vous dans l'après-midi au Conseil constitutionnel.
Il semble toutefois ne pas remplir les conditions d'éligibilité: s'il dit avoir obtenu la perte de sa nationalité française, la loi électorale prévoit qu'un candidat ne doit jamais "avoir possédé une autre nationalité" qu'algérienne.
Principal adversaire de M. Bouteflika aux présidentielles de 2004 et 2014, son ancien Premier ministre Ali Benflis doit annoncer dimanche s'il se porte ou non candidat. Tout comme Abderrezak Makri, président et candidat déclaré du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste qui a rompu en 2012 avec l'alliance présidentielle.
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