Le chef historique de la gauche brésilienne avait quitté en début de matinée sa prison de Curitiba - où il purge une peine de plus de 12 ans pour corruption - par hélicoptère. Il a ensuite embarqué à bord d'un avion pour Sao Paulo (sud-est), à 400 km de là.
Luiz Inacio Lula da Silva avait été autorisé vendredi par la justice à quitter pour quelques heures le siège de la police fédérale, où il est incarcéré depuis avril 2018, pour assister aux obsèques d'Arthur, l'un de ses petits-enfants décédé à 7 ans d'une méningite à méningocoque.
Sous la surveillance de dizaines de policiers militaires armés, l'ex-président de 73 ans est arrivé en fin de matinée dans un cimetière de Sao Bernardo do Campo, une banlieue de Sao Paulo, pour assister à l'incinération d'Arthur, enfant de Sandro Luiz Lula da Silva, l'un de ses cinq fils.
De nombreux proches et amis de l'ancien chef d'Etat étaient présents, dont l'ex-présidente Dilma Rousseff qui lui avait succédé et Fernando Haddad, candidat du Parti des Travailleurs(PT) de Lula à la présidentielle vaincu en octobre 2018 par le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro.
Lula, qui reste très aimé par des millions de Brésiliens, a été applaudi et acclamé à son arrivée au cimetière de Jardim da Colina par quelque 500 sympathisants aux cris de "Lula libre" et "Lula guerrier du peuple brésilien", ont constaté des journalistes de l'AFP.
La salle du crématorium où reposait dans un cercueil blanc ouvert le corps d'Arthur était envahie de couronnes de fleurs envoyées par des responsables syndicaux et politiques - y compris par le président socialiste du Venezuela Nicolas Maduro, a rapporté le quotidien Folha de S.Paulo.
Citant des proches autorisés à entrer dans la salle du crématorium, le quotidien pauliste a indiqué que Lula "ne pouvait retenir ses sanglots".
"Très triste"
Décédé vendredi dans un hôpital de Sao Paulo, le petit Arthur avait rendu visite deux fois à son grand-père dans sa cellule de Curitiba.
Lula "est très triste et dit qu'il ne s'était jamais attendu à une nouvelle comme celle-ci", a expliqué vendredi aux journalistes la présidente du PT, Gleisi Hoffmann, après lui avoir rendu visite. "Il est ému, abattu, il a pleuré plusieurs fois et nous avons essayé de le consoler".
C'est la deuxième fois que l'ex-dirigeant sort de prison. En novembre, il avait quitté sa cellule pendant quelques heures pour se rendre à un interrogatoire à Curitiba.
Mais il n'avait été autorisé à assister fin janvier aux obsèques de son frère Vava, mort d'un cancer à 79 ans, qu'une fois celles-ci commencé. Il avait alors dénoncé "une pure méchanceté".
Ce nouveau drame personnel a valu à Lula des témoignages de sympathie sur les réseaux sociaux, y compris de ses ennemis politiques, tel le président de l'Assemblée nationale Rodrigo Maia, qui lui a exprimé sa "totale solidarité".
"Un voyou en vue "
Mais une fois de plus, l'un des fils du président Jair Bolsonaro, le député Eduardo, a créé la polémique, en critiquant l'autorisation de sortie de Lula.
"Lula est un prisonnier de droit commun. Quand un parent d'un autre prisonnier meurt, est-il escorté lui aussi par la police fédérale pour aller aux obsèques ?", a-t-il demandé sur Twitter.
"L'autorisation de sortie temporaire de Lula est absurde", a-t-il ajouté, "elle ne fait que permettre à un voyou en vue de se faire passer pour une pauvre victime", a-t-il ajouté, déclenchant l'indignation de nombreux internautes.
Face au tollé, il a publié un deuxième tweet assurant que "hors de toute considération idéologique", la mort d'un enfant est "désolante et indésirable".
Son père, le président Jair Bolsonaro, habituellement très disert sur Twitter, observait le silence, rompant le code de compassion entre ennemis pour les drames intimes. Il avait souhaité à Lula de "pourrir en prison" lors de la campagne électorale.
La figure iconique de la gauche brésilienne est emprisonnée pour avoir reçu un appartement en bord de mer de la part d'une entreprise de bâtiment en échange de faveurs dans l'attribution de marchés publics.
Le 6 février, il a été condamné à 12 ans et 11 mois de prison dans le cadre d'une autre affaire.
Il n'a cessé de nier toute culpabilité et se dit victime d'une machination destinée à l'empêcher de revenir au pouvoir au Brésil, dont il a été le président de 2003 à 2010.
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