"Ce (samedi) matin vers 9H00, un passant a signalé à (la police) des dégradations sur la stèle commémorative", installée à l'endroit où se trouvait l'ancienne synagogue de Strasbourg et descellée dans la nuit, a indiqué la préfecture du Bas-Rhin.
Des policiers du "groupe d'enquête criminalistique" ont ouvert une enquête afin d'identifier le ou les auteurs de la dégradation, précise la préfecture.
"L'enquête explore toutes les pistes -vidéosurveillance et témoignages- afin de déterminer l'origine intentionnelle ou accidentelle de l'événement", selon une source proche du dossier, ainsi que son caractère antisémite.
"Ça suffit!"
Souvenir de l'ancienne synagogue, cette stèle a été installée en 1976 et porte l'inscription : "ici s'élevait depuis 1898 la synagogue de Strasbourg, incendiée et rasée par les nazis le 12 septembre 1940", lorsque l'Alsace venait d'être annexée par le IIIe Reich. Les restes de la synagogue avaient été dynamités l'année suivante, en 1941.
La nouvelle de cette dégradation, qui s'inscrit dans un contexte général de hausse des actes antisémites, a aussitôt suscité une cascade de condamnations politiques.
"Je condamne la dégradation de la stèle", a réagi sur Twitter le président du Parlement européen, Antonio Tajani. "Il faut agir vite et fortement pour stopper la recrudescence de l'antisémitisme", a-t-il ajouté.
Évoquant une "profanation" sur sa page Facebook, le maire (PS) de Strasbourg, Roland Ries a lancé "une nouvelle fois : ça suffit !".
"Ce site en lui-même est une réponse aux auteurs de ces actes odieux car il symbolise à la fois les exactions et les horreurs du régime nazi et la force de résistance du peuple de France", a-t-il poursuivi.
"C'est très probablement malheureusement un nouvel acte antisémite dans notre ville", s'est indigné sur Facebook aussi Alain Fontanel, premier adjoint au maire.
"Une enquête est en cours", a indiqué, prudent, Thierry Roos, porte-parole du consistoire israélite du Bas-Rhin. "Le consistoire est consterné par la dégradation de cette stèle (...), que ce soit intentionnel ou non", a-t-il ajouté, dans l'attente des conclusions de cette enquête.
"Indignation"
Président de la région Grand Est, Jean Rottner a fait part dans un communiqué "de son indignation et de son émotion devant ce nouvel acte antisémite et réaffirmé son soutien à toute la communauté juive".
"L'antisémitisme porte atteinte aux valeurs de la République que tous les Français ont en partage. Aucune manifestation d'intolérance ne doit mettre en péril le vivre ensemble", a souligné dans son communiqué la préfecture.
Le Bas-Rhin a été frappé à plusieurs reprises par l'antisémitisme ces derniers mois.
L'épisode le plus récent remonte au 19 février, lorsque 96 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, au nord-ouest de Strasbourg, avaient été retrouvées recouvertes de croix gammées. Un rassemblement contre l'antisémitisme est prévu dimanche devant le cimetière.
Auparavant, un autre cimetière juif avait été découvert profané, le jour-même de l'attentat jihadiste contre le marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre, à Herrlisheim, au nord-est de Strasbourg : trente-sept stèles, ainsi que le monument des martyrs de la Shoah avaient été couverts de graffitis antisémites.
Et en 2015, environ 300 tombes du cimetière juif de Sarre-Union avaient été vandalisées, tout comme un monument aux victimes de la Shoah. L'enquête avait mis en évidence un mobile antisémite et cinq adolescents, qui avaient reconnu leur participation, avaient été condamnés en 2017 à des peines allant de huit à 18 mois de prison avec sursis.
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