A Paris, plusieurs centaines de "gilets jaunes" réunis à l'Arc de Triomphe ont débuté à la mi-journée un parcours de 12 km, sous haute surveillance policière. Des manifestations aux quatre coins du pays sont aussi prévues, tandis qu'Emmanuel Macron a estimé vendredi que ce mouvement n'était "plus compréhensible par bon nombre de citoyens".
La foule à Paris était moindre que lors de précédents samedis, reconnaissaient plusieurs manifestants, qui placent tous leurs espoirs dans la mobilisation du 16 mars, présentée comme une journée clé.
Le 16 mars coïncide avec la fin du grand débat national lancé le 15 janvier par le Président. Honni par les "gilets jaunes" qui scandent depuis des semaines "Macron démission!", il a lancé une consultation nationale sans précédent, de deux mois, pour tenter de répondre à la colère en recueillant les doléances des Français.
Ce débat, qui a suscité 10.000 réunions en France et plus d'un million de contributions sur internet, est qualifié de "mascarade" et de "campagne de communication" par de nombreux "gilets jaunes".
Pour Sylvie, gardienne d'immeuble dans l'Essonne, ce n'est "pas important qu'on soit peu nombreux aujourd'hui". "Le 16, ce sera très gros". "Le 16, ça va être décisif", renchérit Raymond, 55 ans, technicien de maintenance, qui se rend à Paris depuis son village de l'Oise pour manifester tous les samedis depuis le 17 novembre.
Catherine, retraitée et gilet jaune sur le dos près de l'Arc de Triomphe, estime que le mouvement ne perd pas de son ampleur. Beaucoup de Français "sont +gilets jaunes dans l'âme+, pas besoin d'être présents physiquement", assène-t-elle.
Plusieurs figures des "gilets jaunes" prévoient une forte reprise de la mobilisation les prochains samedis. "On a un très grand 16 mars qui arrive, plus organisé que jamais, plus motivé que jamais avec beaucoup de régions, beaucoup de pays qui vont monter sur Paris", a ainsi lancé Eric Drouet, dans une vidéo postée vendredi.
Plainte d'un "gilet jaune"
Des rassemblements sont prévus dans l'après-midi à Marseille, Montpelliers, Alès, Strasbourg, Nantes, Bordeaux, Toulouse... A Nice, où la manifestation avait lieu en matinée, ils n'étaient qu'une vingtaine place Garibaldi.
La mobilisation s'annonce "très tendue" à Nantes, selon une source policière.
A Bar-le-Duc (Meuse), un projet de "marée jaune" relayé sur les réseaux sociaux a amené la préfecture à prendre un arrêté interdisant la vente et transport "de produits combustibles", "pétards", "aérosols de peinture"...
A Lyon, les "gilets jaunes" appellent à un rassemblement régional pour une "marche noire", demandant aux manifestants de venir vêtus de noir, "symbole du deuil" de l'avenir du mouvement "promis au mépris et à l'obscurantisme si nous n'agissons pas ensemble".
Et dans le Nord, les organisateurs ont appelé les "gilets jaunes" de la région et des pays voisins (Belgique, Angleterre, Luxembourg, Pays-Bas, Allemagne) à "converger" vers Lille. "La lutte est internationale", affirme le message de l'événement Facebook traduit en anglais et allemand.
Partie d'un ras-le-bol contre la hausse des taxes et pour davantage de pouvoir d'achat, la fronde s'est étendue à des revendications hétéroclites.
Le 17 novembre, ils étaient 282.000 dans la rue pour l'acte 1 de ce mouvement né sur les réseaux sociaux. Samedi dernier, ils étaient 46.600 dont 5.800 à Paris, selon les autorités, des chiffres régulièrement contestés par les manifestants.
Un "gilet jaune" a par ailleurs porté plainte à Paris pour "entrave à la liberté de manifester" et "privation de liberté illégale" après avoir subi un placement en garde à vue avant la manifestation du 26 janvier. Cette plainte s'inscrit dans la lignée des protestations du Syndicat de la magistrature (classé à gauche) contre une note du procureur de Paris qu'il juge abusive.
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