Une fusée Falcon 9 de la société fondée par Elon Musk a décollé sans incident du centre spatial Kennedy, illuminant Cap Canaveral du feu de ses neuf moteurs.
Le premier étage puis le second étage se sont séparés sans incident, plaçant Dragon en orbite terrestre environ 11 minutes après le décollage, en direction de la Station spatiale internationale (ISS) - un succès accueilli par les acclamations des salariés de SpaceX au siège de la société, à Los Angeles, et au centre Kennedy.
"Dragon, séparation confirmée", a annoncé le contrôleur de la mission.
"Dragon confirmée sur la bonne orbite", a assuré ensuite SpaceX.
Cerise sur le gâteau, la société a réussi pour la 35e fois à récupérer le premier étage d'une fusée, revenu amerrir en douceur sur une plateforme autonome dans l'Atlantique, à 500 km de la côte - un petit point incandescent fendant le ciel noir dans sa redescente, visible depuis Cap Canaveral.
La mission durera près d'une semaine et constitue une répétition générale du prochain vol d'essai, qui aura deux astronautes à bord cette fois.
Après deux orbites, Dragon doit s'amarrer à l'ISS dimanche vers 11H00 GMT, à 400 km d'altitude. Une Américaine, un Canadien et un Russe l'accueilleront. Cinq jours plus tard, elle se détachera et entrera de nouveau dans l'atmosphère terrestre, pour retomber dans l'Atlantique, d'où elle sera ramenée à Cap Canaveral. Quatre parachutes ralentiront sa chute.
Pour la mission de démonstration actuelle, un mannequin est assis dans le véhicule, baptisé Ripley comme l'héroïne des films Alien. Des capteurs sur sa tête, son cou et sa colonne vertébrale mesureront les forces auxquelles seront soumis les astronautes au décollage et au retour sur Terre.
Toute la mission devra prouver que la capsule est fiable et sûre pour eux. A cette condition, le premier vol test habité devrait avoir lieu avant la fin de l'année.
"Vous pouvez écrire dans votre article que j'en suis sûr à 100%", a dit le patron de la Nasa, Jim Bridenstine.
Fierté nationale
"C'est un grand jour pour SpaceX, et un grand jour pour la Nasa", a-t-il martelé. "Nous sommes au bord du précipice (sic) de lancer des astronautes américains, à bord de fusées américaines, depuis le sol américain, pour la première fois depuis la fin des navettes spatiales en 2011".
Et désormais, a-t-il répété, la Nasa ne se ruine plus à construire des lanceurs ou des navettes: "nous serons un client".
Depuis 2010, la Nasa a accordé plus de 3 milliards de dollars de contrats à SpaceX pour développer ce service de taxi, et 4,8 milliards au groupe Boeing, qui développe sa propre capsule, le Starliner (test prévu en avril). Chacun devra assurer six allers-retours vers l'ISS, sans compter les tests. Les gros contrats datent de 2014.
"Il n'y a pas de mots pour expliquer à quel point c'est palpitant pour un pilote d'essai de faire le premier vol d'un véhicule", a dit Doug Hurley, l'un des astronautes choisis pour le futur vol inaugural, qui a assisté au tir depuis la salle de lancement de Kennedy.
Il était dans la navette Atlantis lorsqu'elle a atterri pour la dernière fois ici-même en juillet 2011. Pour lui, le retour dans l'espace est à portée de main. "C'est vraiment énorme. Au début, c'était juste quelques pages d'un Powerpoint, et maintenant on a un véhicule sur le pas de tir".
SpaceX depuis 2014 occupe le mythique pas de tir numéro 39A, d'où sont parties les missions Apollo pour la Lune.
Depuis 2011, les astronautes rejoignent l'ISS à bord des fusées russes Soyouz. Ils doivent apprendre le russe et s'entraîner en Russie.
"Revenir ici, c'est une question de fierté nationale", a dit vendredi Mark Geyer, patron du centre spatial Johnson à Houston, où sont basés les astronautes américains.
Pour SpaceX, qui assure déjà le ravitaillement en fret de l'ISS depuis 2012, réussir à envoyer des astronautes en orbite serait une consécration, après avoir conquis le marché du lancement de satellites.
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