Le parquet a requis le renvoi devant un tribunal correctionnel de Mme Le Pen, ainsi que du député RN Gilbert Collard, pour "diffusion d'images violentes", ont indiqué à l'AFP vendredi des sources concordantes, confirmant une information du Parisien.
Après ce réquisitoire, daté du 19 décembre, il revient désormais à la juge d'instruction d'ordonner ou non un procès pour les deux élus.
Les faits remontent au 16 décembre 2015. En réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin, qu'elle accusait d'avoir "fait un parallèle" entre l'EI et le FN, elle avait relayé sur Twitter trois photos d'exactions en y ajoutant les mots: "Daech, c'est ça!"
Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.
Quelques semaines après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, la publication de ces images très violentes avait immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà.
Le parquet de Nanterre avait lancé le jour-même une enquête après un signalement des clichés par le ministre de l'Intérieur.
Après trois ans d'instruction, le parquet a requis la tenue d'une procès pour les deux élus d'extrême droite, sur la base de l'article 227-24 du code pénal, qui punit la diffusion de messages violents susceptible d'être vus par un mineur, ont indiqué à l'AFP leurs avocats ainsi que le parquet de Nanterre.
"On a détourné totalement ce texte pour l'instrumentaliser contre Marine le Pen à des fins de persécution politique", a réagi son conseil Me David Dassa-Le Deist. "Il n'y a jamais eu d'application de ce texte pour la diffusion de photos d'actualité", a-t-il assuré.
"C'est un acharnement", a estimé Me Jean-Marc Descoubes, avocat de Gilbert Collard, qui affirme lui aussi que l'article invoqué n'est pas "applicable" aux faits. L'avocat a indiqué qu'il avait déposé, il y a plusieurs mois, une demande d'annulation de la levée de l'immunité parlementaire de M. Collard devant la justice administrative, qui n'a pas encore tranché.
- Une deuxième enquête -
M. Collard avait quant à lui relayé la photo d'un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentaire: "Bourdin compare le FN à Daech: le poids des mots et le choc des bobos!"
Après s'être vu retirer son immunité parlementaire, d'abord en tant qu'eurodéputée puis en tant que députée, Mme Le Pen avait été mise en examen le 1er mars 2018, deux mois après M. Collard.
En septembre, elle s'était insurgée contre une expertise psychiatrique ordonnée dans cette instruction - un examen cependant prévu par la procédure pénale. Dénonçant une "méthode" utilisée "dans les régimes totalitaires", elle avait déclaré qu'elle ne s'y rendrait "bien sûr" pas.
Mme Le Pen avait alors publié sur Twitter, in extenso, le document ordonnant cette expertise, signé par la juge d'instruction: dans la foulée, une nouvelle enquête a été ouverte - la loi interdisant la publication d'un acte de procédure judiciaire avant une audience publique.
La patronne du FN est mise en examen dans un autre dossier, celui des emplois présumés fictifs d'assistants parlementaires européens, pour "détournements de fonds publics", aux côtés de plusieurs autres responsables politiques.
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