Peu avant la mi-journée, les rues d'Alger étaient calmes et les quelques commerces ouverts en ce premier jour de week-end -et qui fermeront à l'heure de la prière- fonctionnaient normalement.
En annonçant le 10 février sa candidature à la présidentielle du 18 avril, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et qui souffre des séquelles d'un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, a mis fin à de longs mois d'incertitude mais aussi déclenché une contestation d'ampleur inédite en 20 ans et le visant directement, du jamais vu.
Enjeu principal de ce vendredi, la mobilisation sera scrutée de près par le camp présidentiel, à trois jours de la date limite, dimanche minuit locale (23H00 GMT), du dépôt des dossiers de candidature devant la Conseil constitutionnel.
A Alger, de nombreux policiers et des dizaines de véhicules -dont des canons à eau et des véhicules de déblaiement- étaient déployés sur les grands axes du centre-ville et près des sièges des institutions et des bâtiments officiels.
"Eviter tout débordement"
"Nous sommes là pour encadrer la manifestation et éviter tout éventuel débordement", a indiqué à l'AFP un officier de police, alors qu'un hélicoptère tournoie bruyamment au-dessus du centre-ville.
La réaction des forces de l'ordre, qui ont jusqu'ici largement laissé faire, même à Alger où toute manifestation est strictement interdite depuis 2001, sera également observée de près, alors que le camp présidentiel a fait savoir cette semaine qu'il n'entendait pas reculer face à la rue.
Certains observateurs craignent que les partisans du chef de l'Etat n'utilisent la manière forte pour s'éviter une campagne électorale avec le double handicap d'un candidat absent physiquement -M. Bouteflika n'apparait plus qu'à de rares occasions et ne s'est pas adressé à la nation depuis son AVC- et contesté dans la rue.
La candidature de M. Bouteflika sera déposée le 3 mars -ultime jour pour le faire- devant le Conseil constitutionnel, a annoncé son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal. "Personne n'a le droit d'empêcher un citoyen algérien de se porter candidat. C'est un droit constitutionnel", a-t-il souligné.
Le chef de l'Etat est cependant hospitalisé depuis dimanche à Genève, officiellement "pour des examens médicaux périodiques" et son retour en Algérie n'a toujours pas été annoncé.
Appel à la retenue
Comme d'autres membres du camp présidentiel, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, a quant à lui, agité le spectre de la sanglante "décennie noire" de guerre civile (1992-2002) en Algérie et du chaos syrien.
Amnesty international a appelé jeudi soir les forces de l'ordre à la retenue, "alors que la tension monte", leur demandant de "s'abstenir de recourir à une force excessive ou inutile pour disperser des manifestants pacifiques".
Sur les réseaux sociaux, les appels anonymes massivement relayés qui avaient poussé les gens dans la rue il y a une semaine, se sont poursuivis cette semaine, demandant aux Algériens de sortir "massivement et pacifiquement" vendredi à la mi-journée, après la grande prière hebdomadaire musulmane.
Toute la semaine, les rassemblements d'ampleur variable se sont succédé: mouvement citoyen, avocats, étudiants et journalistes, ont tour à tour manifesté. Jeudi, une dizaine de journalistes algériens ont été détenus durant plusieurs heures après avoir participé à Alger à un rassemblement "contre la censure" dans la couverture de la contestation.
Rencontrés jeudi par l'AFP dans un quartier populaire d'Alger, plusieurs jeunes entendent bien marcher, comme la semaine passée pour "changer le système", estimant que "l'avenir n'existe pas en Algérie".
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