Le procureur général a annoncé jeudi son intention d'inculper le Premier ministre sortant tout en lui donnant une dernière chance de s'expliquer et d'éviter un procès.
M. Netanyahu ne sera pas entendu avant les législatives du 9 avril. Mais la perspective d'un Premier ministre en exercice devant batailler devant les tribunaux en même temps qu'il ferait face aux urgences sécuritaires et contraintes économiques pourrait faire réfléchir les électeurs.
Au pouvoir depuis bientôt 13 ans, en quête d'un cinquième mandat, M. Netanyahu, 69 ans, pourrait battre mi-juillet le record de longévité établi par l'historique David Ben Gourion s'il était reconduit à son poste.
Un tel record peut être remis en cause. Mais M. Netanyahu - "Bibi" pour les Israéliens - a déjà fait la démonstration de son farouche instinct de survie.
Son efficacité politique, son brio de manoeuvrier, ses réussites et ses coups d'éclat diplomatiques, son image de meilleur garant de la sécurité d'un pays confronté aux menaces, conjugués à sa maestria de communicant et à la croissance économique israélienne ont réduit la concurrence à quia.
Après les élections de 2015, qu'il avait provoquées avant l'échéance comme celles de 2019, des commentateurs avaient assimilé sa victoire à un retour d'entre les morts.
"Qu'on aime ou pas"
Plus jeune Premier ministre d'Israël de 1996 à 1999, à nouveau en poste depuis 2009, ce bonhomme costaud à l'impeccable mèche argentée est une figure si dominante du quart de siècle que le quotidien Haaretz a essayé "d'imaginer la vie sans Netanyahu".
"Quand Israël aura perdu Bibi, il y aura sûrement des moments où il regrettera de ne plus avoir un leader de stature internationale, reconnu par tout le monde et qui - qu'on l'aime ou pas - fait que le reste du monde relève la tête et prête attention quand il prend la parole", a écrit le Haaretz, pourtant hostile à M. Netanyahu.
Petit-fils de rabbin, fils d'un historien ultra-sioniste, M. Netanyahu est né le 21 octobre 1949 à Tel-Aviv. Premier chef de gouvernement né après la création d'Israël en 1948, il a passé une partie de son enfance aux Etats-Unis, étudié au prestigieux Massachusetts Institute of Technology, et conservé une parfaite maîtrise de l'anglais.
Rentré en Israël, il a servi cinq ans dans une unité des forces spéciales et a été blessé dans le sauvetage des otages d'un avion détourné par des Palestiniens en 1972.
M. Netanyahu évoque régulièrement la mort de son frère Yoni dans une intervention semblable en 1976 comme l'ayant profondément affecté et influencé.
Au tournant des années 1970-80, il noue ses premiers liens politiques. Son mentor Moshe Arens, du parti Likoud (droite), lui met le pied à l'étrier. Diplomate à l'ambassade d'Israël à Washington, puis ambassadeur à l'ONU, il rentre et devient député en 1988, chef du gouvernement en 1996.
Quelques images rendent compte du personnage, professionnel des médias, prêt à jouer des coudes et aller "partout où on m'invitera (...) pour défendre l'avenir et l'existence" d'Israël.
Celle de M. Netanyahu exhibant devant l'ONU en 2012 un diagramme représentant une bombe et figurant le danger représenté selon lui par les activités iraniennes d'enrichissement de l'uranium.
"Seuls les forts"
Celle de M. Netanyahu à la tribune du Congrès américain en 2015, défiant la réprobation du président Barack Obama, pour dénoncer l'accord alors en négociation sur le nucléaire iranien.
Le nouvel "Amalek" pour lui, l'ennemi mortel des Hébreux dans la Bible, c'est l'Iran, cible de ses foudres avec l'islamisme radical.
Mais, après la Shoah, "le peuple juif n'est plus impuissant, il n'est plus sans défense", dit-il. Il se targue de nouvelles relations avec les pays arabes, de l'accession d'Israël au rang de puissance technologique "mondiale", et même de "modèle pour le reste du monde". Il se targue aussi de parler d'égal à égal aux grands de la planète, et de son rapport privilégié avec le président Donald Trump.
Image encore: celle de M. Netanyahu participant à l'inauguration "historique" à ses yeux de l'ambassade américaine transférée de Tel-Aviv à Jérusalem contre la réprobation internationale en 2018.
Ses adversaires l'accusent d'être un autocrate ne reculant pas devant les expédients et les mensonges. Ils lui reprochent sa soif de pouvoir, son népotisme, un discours dangereusement populiste sapant les fondements démocratiques d'Israël. Il n'a jamais vraiment voulu la paix avec les Palestiniens, affirment-ils.
"Seuls les forts survivent", dit-il. "Je voudrais qu'on se souvienne de moi comme le protecteur d'Israël, cela me suffit".
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