Il faut toujours s'attendre à l'inattendu avec Gaël Monfils. Le joueur de 33 ans, aussi prévisible qu'une météo normande, n'en finit pas de surprendre depuis quelques semaines, mais dans le bon sens.
"Gaël fonctionne un peu plus que les autres à l'affect. Il est profondément humain, profondément sensible. Il faut que tous les facteurs convergent. Et cela a l'air d'être le cas en ce moment", résume Arnaud Di Pasquale, ex-DTN français.
Rien pourtant ne laissait penser que l'entame de cette saison serait différente de la fin de la précédente, clôturée avec une 29e place bien triste, conclusion d'un exercice 2018 oscillant entre méforme, blessures, et doutes.
Tâté du Challenger
L'Antillais avait même été tâté le niveau challenger, la 2e division mondiale, pour se relancer en septembre dernier. Sans grand succès. Trois mois plus tard, il annonce avoir choisi un nouvel entraîneur après le départ, pour raisons personnelles, du Suédois Mikael Tillström. Son choix s'est porté sur l'Américain Liam Smith, réputé pour son travail en Australie, ayant participé à l'émergence de la génération des De Minaur, Kyrgios, Ebden. Mais rares sont les entraîneurs qui sont parvenus à trouver la clé pour "la Monf".
Sa saison 2019 débute d'ailleurs à l'image de ces dernières années: une blessure le contraint à déclarer forfait à Auckland. Et le N.2 français débarque à l'Open d'Australie sans repères. Il perd au 2e tour contre l'Américain Taylor Fritz (50e mondial). Le déclic ne va pourtant pas tarder.
Quelques jours plus tard à Sofia, il signe deux victoires solides avant d'affronter la sensation grecque Stefanos Tsitsipas (11e) qui vient de signer une demi-finale à Melbourne. Un vrai test que Monfils passe en deux sets (6-3, 7-6).
Intéressant, mais le Français a tellement habitué à ces coups d'éclats sans lendemain que sa défaite en demi-finale face à une autre sensation de ce début de saison, le Russe Daniil Medvedev (16e) semble logique.
Puis vient Rotterdam. Et là Monfils va clairement marquer les esprits. Non seulement parce qu'il remporte le deuxième ATP 500 de sa carrière, mais aussi avec son tableau de chasse. Il prend se revanche sur Medvedev (16e) après avoir sorti le Belge David Goffin (21e) au premier tour et s'offre le Suisse Stan Wawrinka en finale, un ex N.3 mondial.
Une superbe semaine. Et le Français continue sur sa lancée après avoir fait l'impasse à Marseille en raison d'une blessure au poignet gauche. A Dubaï, il s'offre son premier top 10 de la saison en écartant le Croate Marin Cilic au 1er tour, par ailleurs bourreau des Français en finale de Coupe Davis.
"J'étais prêt et j'aime ma manière de jouer et de me battre", lâche-t-il notamment après ce match. Quelque chose semble bien avoir changé chez le Français, qui retrouvera Tsitsipas en demi-finale à Dubaï.
"Prise de conscience"
"Aujourd'hui on sent qu'il y a plus de fluidité, une prise de conscience aussi certainement et le fait qu'il soit très bien dans sa vie perso, ça y contribue énormément je pense", analyse Arnaud Di Pasquale.
Le Français a effectivement officialisé depuis plusieurs semaines sa relation avec l'Ukrainienne Elina Svitolina, 6e joueuse mondiale. Sa relation avec son entraîneur semble elle aussi idyllique jusqu'ici. Bref, tous les voyants sont au vert.
"On le sent très épanoui. Et il a besoin de ça, il a besoin d'être heureux. Comme tout le monde en fait, mais lui un peu plus que les autres", reprend Di Pasquale.
Naturellement, ce début de saison fait naître quelques espoirs pour la suite. "Ce qui va être intéressant c'est sur les Grands Chelems, comment il va se comporter. C'est vraiment là qu'on verra s'il a vraiment passé un cap", assure Di Pasquale.
Le prochain est à Paris, dans trois mois.
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