"On sait ce qu'il faut faire, mais quand est-ce qu'on commence?", lance Sarah, 26 ans, une des plus de 2,1 millions de signataires de la pétition l'Affaire du siècle.
Sous l'ovation de 175 signataires invités au ministère à dialoguer avec le ministre de la Transition écologique et ses secrétaires d'Etat, la jeune femme égrène ses 14 revendications prioritaires.
Il faut "déclarer l'état d'urgence climatique, c'est maintenant, c'est pas demain, c'est pas dans 10 ans", insiste-t-elle, avant d'évoquer l'inscription du climat dans la Constitution ou la création d'un crime d'écocide (destruction d'un écosystème).
Encouragés par François de Rugy à exposer leurs opinions et leurs propositions "pour que la voix du climat puisse s'exprimer", les participants plutôt jeunes ne s'en privent pas.
Tout y passe: transports, rénovation énergétique des bâtiments, développement de l'agriculture bio, énergies renouvelables, recyclage... Ils passent en revue tous les domaines dans lesquels selon eux le gouvernement ne fait pas assez pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
"Vous nous expliquez que vous en faites déjà beaucoup, que la France fait mieux que beaucoup d'autres, mais ce gouvernement semble se satisfaire de petits pas", dénonce une jeune femme.
"Cessez de nous mentir et de vous mentir", nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux (..) Il est temps de passer du bla bla aux actes", pour les générations futures "qui nous demanderont des comptes", ajoute-t-elle.
Alors que la crise des "gilets jaunes" a parfois opposé "fin du monde" et "fin du mois", Céline, bénévole à ATD Quart Monde, souligne de son côté la vulnérabilité des personnes en grande précarité aux impacts du changement climatique, comme les canicules.
"Les plus précaires vous demandent de changer de cap, en prenant en compte les plus fragiles, c'est l'ensemble de la société qui en bénéficiera", ajoute-t-elle, la voix plein d'émotion.
"Plus vite, plus fort"
"Vous avez 2 millions de personnes derrière vous aujourd'hui, vous avez peut-être pour une fois les moyens d'être ambitieux", interpelle un autre signataire.
"Si ce n'est pas vous, qui aura le courage de mener cette inflexion ? Est-ce que vous allez le laisser aux governements qui suivront, à nous les citoyens, ou encore pire aux plus jeunes dans cette salle ?"
"C'est une action de longue haleine, pour moi ce n'est pas l'opposition entre les petits pas et les grands pas (...) On est engagé dans une course de fond", répond François de Rugy, rejetant les accusations qualifiant ce débat d'"opération de communication".
"Le but n'est pas de vous convaincre un par un", insiste-t-il, défendant l'action du gouvernement.
"Quant au courage, vous nous jugerez sur les actes", poursuit la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon. "Mais je peux témoigner de la motivation et de la sincérité (des équipes ministérielles), les gens ici, ils y croient".
"Plus vous nous dites +plus vite, plus fort+, plus on est armé dans le dialogue avec tout le monde, avec nos collègues au gouvernement, avec les parlementaires, avec les entreprises", ajoute-t-elle.
Les quatre ONG (Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France) à l'origine de la pétition avaient adressé en décembre une requête préalable au gouvernement, accusant l'État de "carence fautive" par son "action défaillante" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Déçues de la réponse du gouvernement qui a rejeté l'accusation d'inaction, elles ont annoncé qu'elles déposeraient leur recours devant le tribunal administratif de Paris le 14 mars.
Cette déception était partagée mercredi soir par des certains signataires présents au ministère. "Ne vous laissez pas faire, ils vous mentent", lance Martin Bonis, militant associatif parisien en quittant la salle avant la fin.
Après plus de deux heures de débat, quelques autres se lèvent, en prononçant chacun leur tour les mêmes mots: "Je ne suis pas dupe".
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