Au cours de leur premier face-à-face, en juin à Singapour, le président américain et le dirigeant nord-coréen avaient écrit une page d'histoire mais signé une déclaration commune sans véritables engagements concrets.
Ils se retrouveront en tête-à-tête jeudi matin, avant de poursuivre les discussions avec leurs conseillers, selon la Maison Blanche. Sont ensuite prévues une "cérémonie de signature d'un accord conjoint", sans autre détail, et une conférence de presse avant le départ de Donald Trump pour Washington.
Le locataire de la Maison Blanche rêve de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué et de pousser Pyongyang à mettre au rebut son arsenal nucléaire.
Une percée diplomatique permettrait aussi à Donald Trump de détourner l'attention de ce qui se passe à Washington où son ex-avocat Michael Cohen a livré devant le Congrès un témoignage aussi explosif qu'accablant.
Si les deux dirigeants sont restés évasifs sur de possibles annonces, ils ont affiché leur optimisme à l'ouverture de la rencontre mercredi soir, un tête-à-tête suivi d'un dîner au Sofitel Legend Metropole, un luxueux établissement situé en plein coeur de Hanoï.
"Je pense que ce sera un succès", a prédit M. Trump.
L'homme fort de Pyongyang, de plus de 30 ans son cadet, s'est quant à lui engagé, après une longue poignée de main, à faire de son mieux pour aboutir à de "grands résultats qui seront salués par tous".
Un avenir "GENIAL"
Quelques heures avant la rencontre, Donald Trump avait une nouvelle fois fait miroiter à son "ami Kim Jong Un" un spectaculaire développement économique si la Corée du Nord acceptait enfin de renoncer à son arsenal nucléaire.
Il a longuement mis en avant l'exemple du Vietnam, un pays communiste qui a embrassé l'économie de marché et tourné la page de la confrontation avec les Etats-Unis.
"Le Vietnam se développe comme peu d'autres endroits au monde. La Corée du Nord ferait la même chose - et très rapidement - si elle décidait de dénucléariser", avait tweeté le président américain, évoquant la possibilité d'un avenir "GENIAL" pour ce pays reclus, aujourd'hui sous le coup de nombreuses sanctions internationales.
Depuis des mois, le président américain manie la carotte et le bâton envers la Corée du Nord, faisant miroiter son potentiel économique tout en refusant l'allègement des sanctions.
Les Etats-Unis ont maintes fois réclamé que Pyongyang se débarrasse de ses armes nucléaires de manière complète, vérifiable et irréversible.
Mais, pour la Corée du Nord, la dénucléarisation est plus large. Elle veut la levée des sanctions internationales qui l'étranglent et la fin de ce qu'elle perçoit comme les menaces américaines, à savoir une présence militaire en Corée du Sud et dans la région en général.
Comme pour tempérer les attentes, Donald Trump répète qu'il n'est pas pressé de convaincre le Nord de se débarrasser de son arsenal nucléaire, tant que celui-ci s'abstiendra, comme il le fait depuis plus d'un an, de procéder à des tirs de missiles et des essais nucléaires.
Ses contempteurs craignent que M. Trump ne soit prêt à faire trop de concessions, y compris aux dépens des alliés sud-coréen et japonais, pour proclamer une victoire et détourner l'attention de ses soucis domestiques.
Démantèlement d'un réacteur ?
A Singapour, M. Trump avait pris ses propres collaborateurs par surprise en annonçant la suspension des manoeuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud, une revendication majeure du Nord qui les considérait comme la répétition d'une invasion de son territoire.
Les deux dirigeants, qui sont passés en quelques mois des insultes personnelles et menaces apocalyptiques à des déclarations "d'amour" de la part de Donald Trump, devront aller plus loin que pendant leur premier sommet, qualifié de pure représentation théâtrale par nombre d'analystes.
Pour faire taire ses détracteurs, Donald Trump pourrait essayer d'arracher une annonce à "Chairman Kim", par exemple la promesse du démantèlement du réacteur de Yongbyon, le principal complexe atomique nord-coréen.
Les Etats-Unis pourraient de leur côté accepter des gestes chargés en symboles, comme l'ouverture d'un bureau de liaison ou une déclaration pour mettre officiellement fin à la guerre de Corée, qui s'est achevée en 1953 par un simple armistice.
Quoi qu'il en soit, "la fenêtre de tir pour des progrès diplomatiques avec la Corée du Nord ne restera pas ouverte indéfiniment", met en garde Kelsey Davenport, de l'Arms Control Association.
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