De l'espagnol, de l'anglais, du japonais et bien évidemment du français, puisque c'est ce qu'ils viennent apprendre ici. Si l'on tend l'oreille dans le hall de l'école French in Normandy, à Rouen, c'est tout un panel de langues et d'accents qui résonne. Chaque année, ce campus spécialisé dans l'apprentissage du français pour les étrangers accueille quelque 2000 jeunes. Parmi eux, 15 % de Britanniques qui viennent passer quelques jours, dès le plus jeune âge. Programme scolaire oblige. Installée en France depuis plus de 30 ans, sa responsable, Eleri Maitland, essaye de rester optimiste en pleine négociation du Brexit.
Comme une télénovela
"C'est un grand désastre si ça se confirme, mais ça n'est pas encore fait", rappelle la Galloise. Normalement, c'est le vendredi 29 mars 2019 que le gouvernement britannique doit entériner les conditions de sa sortie de l'Union européenne. Une date qui pourrait finalement être repoussée. "Pour le moment, on est dans le flou. Il y a tellement de choses qui arrivent tous les jours, c'est comme une télénovela : c'est triste et comique à la fois", regrette-t-elle.
Ce brouillard administratif, Philippe Lane s'y frotte lui aussi quotidiennement. Vice-président en charge des relations internationales à l'Université de Rouen, il craint que la date du Brexit soit effectivement repoussée. "La deadline c'est vraiment la fin du mois de mars 2019. Après, pour les dossiers des étudiants, ça demande du temps de notre côté et en Angleterre. Il faudrait clairement remettre en cause les départs prévus l'année prochaine." Pour gagner du temps, les postulants au départ ont déjà été encouragés à faire une demande de passeport et se renseigner sur les demandes de visas "même si rien n'est encore fermé".
Les élèves anglais sont nombreux à venir en France pour parfaire leur apprentissage du français, qui fait partie de leur programme scolaire. - Aurélien Delavaud
Les bourses en péril
À l'heure actuelle, les liens entre l'université et ses homologues d'outre-Manche sont solides. Pour preuve, le King's College de Londres vient de renouveler son partenariat, "peu importe les clauses du Brexit", selon Philippe Lane. Les étudiants pourront donc toujours y aller, mais ils pourraient devoir faire sans certaines bourses européennes. Cette question des bourses, c'est ce qui inquiète le plus du côté de l'Insa, l'école d'ingénieurs installée au Madrillet. Si elle envoie très peu d'étudiants au pays de Shakespeare, elle a tout de même anticipé les choses. "Notre accord avec l'université de Cranfield est devenu une convention bilatérale, explique Sophie Binard, la directrice des relations internationales. Le Brexit ne remet rien en cause pour ceux qui sont en mobilité étudiante. Par contre, ça va être plus compliqué pour les stages, car nous n'aurons plus les bourses."
Comme ses confrères, elle reste pour le moment suspendue à la date du vendredi 29 mars 2019. Si la décision est reportée, le stress de l'inconnu continuera quelque temps de plus. À moins que… "Si on parvient à repousser encore la décision, je suis sûre qu'il sera ensuite plus simple de réussir à tout annuler", conclut, optimiste, Eleri Maitland.
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