Directeur du studio Harcourt de 1993 à 2008, il a commencé sa carrière en autodidacte. Dans “La Leçon de photographie”, Pierre-Anthony Allard conte une vie guidée par sa passion : une star ne peut pas faire d'ombre à la lumière intérieure. Interview de Elisa Mignot.
Pierre-Anthony Allard
Pierre-Anthony Allard
Pourquoi monter sur les planches quand on est habituellement caché derrière un objectif ?
Depuis des années, je suis conférencier auprès d'écoles, de clubs photos, de marques d'appareil. On m'a souvent demandé de raconter mon parcours et surtout, mon expérience de la lumière artificielle, de la lumière de studio. J'ai fait l'essentiel de ma carrière au studio Harcourt, que j'ai refondé en en prenant la direction. Cette lumière, c'est ma passion et mon savoir-faire. J'avais même inventé la Harcourt Academy qui proposait 48 heures de workshop consacrées à cette lumière si spécifique, allant de l'histoire à la pratique.
“Une Leçon de photographie”…
Oui, mais c'est tout sauf une leçon en réalité, c'est plutôt un partage d'observations ! On s'en fout de la technique. Les appareils, on les règle. Je peux donner le b.a.-ba, mais la lumière, c'est autre chose ! Je me rappelle un chirurgien amateur de photo qui me disait : “Parlez-moi de la lumière comme on parle d'un bon vin.” Et tous ces photographes que je rencontre lors de mes formations aux quatre coins de la France qui adorent qu'on leur parle de lumière, ces jeunes qui reviennent à l'argentique… Tout ça m'a donné envie de creuser.
Vous êtes autodidacte. Comment vous êtes-vous formé ?
Je n'ai pas fait d'école, c'est ma culture cinématographique qui m'a formé. J'explique ce dédale dans mon spectacle. En 1983, quand je suis entré chez Harcourt, j'étais gratte-papier sur ordinateur, puis laborantin. Je ne trouvais personne pour m'enseigner cette lumière des années 30. Avant, cela se transmettait de maître à élève. Tous ceux qui travaillaient cette lumière s'étaient arrêtés avec la nouvelle vague et les années 60. On voulait alors casser ce clair-obscur léché, le portrait façon Ecole du Louvre, les belles proportions…
Je me suis formé en faisant une longue recherche de photos de plateaux, de vieux négatifs d'Harcourt, d'heures et d'heures de films, et d'autres encore à dénicher et à bidouiller des vieux projecteurs… Un travail de dingue ! Finalement, j'ai été pioché dans tout ce qui me plaisait et mes maîtres ont été les chefs opérateurs, les réalisateurs, les acteurs. En fait, c'est l'histoire d'un mec qui aurait aimé faire du cinoche.
Comment décrivez-vous cette lumière qui éclaire vos portraits ?
Il faut revenir à l'histoire du studio Harcourt. A sa création en 1934, on était en plein mouvement expressionniste au cinéma, ce qu'on appelait le “drame” commençait à envahir les écrans. Les chefs opérateurs travaillaient en clair-obscur. Il n'y avait pas de flash !
Mais ce clair-obscur n'est pas né au cinéma. Les chefs op' se sont inspirés de Rembrandt. J'aime rappeler qu'il est le peintre du modelé, créé par différentes sources de lumière, et donc du drame, tandis que Vermeer, qui peignait tous ses modèles à la fenêtre, est celui de l'aplat, d'une seule source lumineuse.
La vie nous apprend aussi à révéler notre lumière intérieure
La vie nous apprend aussi à révéler notre lumière intérieure
Harcourt n'a rien inventé sauf une signature, un marketing. Le studio est héritier de toute cette histoire ! J'adore raconter cette histoire de la lumière : de la peinture à la photographie, en passant par le cinéma.
L'émission tendance confidences est diffusée chaque dimanche de 8h30 à 9h sur Tendance Ouest
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