"Il faut maintenant dire que lorsqu'on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire", a jugé le chef de l'Etat lors d'un débat avec les élus du Grand Est à l'Elysée.
Pour lui, il s'agit d'être "clair" après 15 samedis de suite de manifestations des "gilets jaunes", qui ont parfois dégénéré en heurts avec les forces de l'ordre. "Il n'y a pas toujours eu cette clarté", a-t-il regretté.
Le chef de l'Etat répondait à une interpellation du président de la région Grand Est, Jean Rottner (LR), qui a appelé l'Etat à une plus grande fermeté pour "arrêter ce climat d'émeute hebdomadaire".
"Vous faites preuve de conviction, de dialogue, nous avons besoin aussi de preuve d'autorité. La force de la République doit s'imposer aujourd'hui", a-t-il déclaré en s'adressant au chef de l'Etat.
"Nous ne pouvons, de manière raisonnable, pas interdire les manifestations", lui a répondu Emmanuel Macron, en citant notamment le droit constitutionnel à descendre dans la rue.
Insistant sur "la grande difficulté" du maintien de l'ordre, il a salué "le travail remarquable" des policiers et gendarmes mobilisés, car "c'est un miracle qu'après autant de samedis avec cette violence, il n'y ait eu aucun mort à déplorer de la part des forces de l'ordre".
Les "gilets jaunes" pointent du doigt les blessures provoquées par les forces de l'ordre et les armes controversées qu'elles utilisent. Le 3 décembre à Marseille, une femme de 80 ans était morte après avoir été blessée au visage par des éléments d'une grenade lacrymogène, qui l'avaient heurtée alors qu'elle fermait ses volets. Selon le parquet, le "choc facial" subi du fait du projectile n'avait pas été à l'origine de son décès.
"Réponse démocratique"
Emmanuel Macron a insisté sur le fait qu'avaient été "pleinement reconnus" la "vitalité, la force, le caractère incontestable de la demande légitime de millions de Français qui ont pu participer ou être sympathisants" des "gilets jaunes". "Je l'ai reconnu moi-même le 10 décembre", dans un discours au cours duquel il a annoncé plus de 10 milliards d'euros d'aide aux plus démunis.
"Jamais l'Etat ne s'est autant collectivement mobilisé face à un mouvement de ce type", a-t-il assuré, en évoquant le grand débat qu'il a lancé le 15 janvier et qui doit se poursuivre jusqu'au 15 mars.
"Je crois qu'aujourd'hui la place doit être au débat, à la réponse démocratique, et elle sera ensuite dans les urnes", selon lui.
Selon plusieurs sondages successifs, une majorité de Français souhaite désormais l'arrêt du mouvement des "gilets jaunes": 56% le 13 février pour Elabe, 52% le 17 février pour Ifop, et enfin 55% selon Odoxa lundi.
Le 7 février, ils étaient encore une courte majorité (52%) à souhaiter la poursuite du mouvement pendant le grand débat selon une étude YouGov, déjà bien loin des quelque 70% de soutien enregistrés en novembre 2018.
"Ce mouvement est en train de se dégrader (...) Aujourd'hui, on sombre dans une forme de pur nihilisme où il s'agit de détruire pour détruire", a dénoncé François-Xavier Bellamy, la tête de liste LR aux Européennes, lundi dans l'émission Audition publique sur LCP et Public Sénat, en partenariat avec l'AFP et Le Figaro.
Dans un tweet, le député Insoumis Eric Coquerel a dénoncé les derniers propos présidentiels: "Sous Macron celles et ceux qui exercent leur droit fondamental de manifester sont donc complices du pire! Quand les droits des opposants sont ainsi menacés est-on toujours en démocratie?"
"Avec ce genre de phrase méprisante et liberticide, je sens qu'il va y avoir encore plus de #complicesdupire samedi prochain", a pour sa part réagi Florian Philippot (Les Patriotes).
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