Ce report devra toutefois ensuite être accepté par l'Union européenne, qui s'y est montré ouverte, le président du conseil européen Donald Tusk ayant estimé lundi qu'"un délai serait une solution rationnelle".
La dirigeante conservatrice compte procéder en trois étapes. D'abord, elle soumettra au vote du parlement une version modifiée de l'accord de divorce qu'elle avait signé fin novembre avec Bruxelles et que le parlement avait massivement rejeté mi-janvier.
Si cette version modifiée est rejetée par les députés, elle leur demandera le 13 mars s'ils veulent sortir de l'UE sans accord. S'il refusent, alors elle soumettra le 14 mars au vote une motion demandant "si le parlement veut une extension courte et limitée de l'Article 50" du Traité de Lisbonne, qui a enclenché le processus de sortie il y a près de deux ans.
Le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a réagi en constatant que Mme May semblait avoir "écouté tardivement" les députés. Avant de lui reprocher d'en être arrivée là à cause "des négociations chaotiques" qu'elle a menées et "de sa décision de jouer la montre".
Pas au-delà de juin
Mme May a répété qu'elle était personnellement opposée à un report du Brexit et souligné que celui-ci ne pourrait pas aller au-delà de juin car dans le cas contraire, le Royaume-Uni devrait participer aux élections européennes de fin mai.
Elle a cependant dû se plier à la volonté de membres de son gouvernement hostiles à un divorce brutal.
Mardi, trois secrétaires d'Etat ont écrit une tribune dans le quotidien The Daily Mail pour l'"implorer" de prolonger l'article 50 si aucun accord n'est adopté par le Parlement dans les temps, afin d'éviter une sortie brutale de l'UE.
Sans engagement de la Première ministre, ils menaçaient de démissionner "pour empêcher un désastre".
Selon le tabloïd, 15 membres du gouvernement seraient prêts à partir pour empêcher un "no deal".
Trois ministres de premier plan avaient déjà plaidé au cours du week-end pour un report de la date du Brexit, plutôt que de "sortir de manière désordonnée de l'Union européenne".
Selon eux, une absence d'accord risque d'affecter "gravement" l'économie britannique et de menacer "l'intégrité" du Royaume-Uni avec le rétablissement d'une frontière terrestre en Irlande, entre un membre de l'UE au sud et la province britannique au nord.
"Solution rationnelle"
Provoquant une levée de boucliers au Royaume-Uni, Mme May s'était contentée jusqu'ici de différer d'ici au 12 mars un vote des députés sur l'accord de retrait, afin de se donner plus de temps pour tenter de renégocier le texte avec Bruxelles avant la date butoir.
Mais son autorité était de plus en plus contestée. La semaine dernière, trois députés europhiles avaient démissionné du Parti conservateur en dénonçant la "gestion désastreuse du Brexit" par le gouvernement. Ils ont rejoint huit députés travaillistes eux-mêmes démissionnaires de leur parti dans le "Groupe indépendant", à peine créé.
Le Parti travailliste, principal parti d'opposition, a pour sa part changé sa stratégie, annonçant lundi qu'il était prêt à soutenir un amendement proposant l'organisation d'un second référendum sur la sortie de l'UE, après celui de juin 2016, afin d'éviter le Brexit "destructeur" des conservateurs.
Theresa May, comme le leader travailliste Jeremy Corbyn, ont "tous les deux été forcés par leurs partis à défendre des lignes en matière de Brexit auxquelles ils étaient résolument opposés il y a quelques jours à peine", a souligné The Evening Standard dans son éditorial de mardi après-midi.
L'éloignement apparent de la possibilité d'une sortie sans accord a conduit mardi la livre à son plus haut niveau depuis mai 2017 face à l'euro.
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