En annonçant le 10 février sa décision de briguer un 5e mandat le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 1999, a mis fin à de longs mois d'incertitude, mais aussi déclenché une contestation inédite depuis des années de par son ampleur nationale, sa mobilisation et ses slogans visant directement le chef de l'Etat et son entourage.
Mardi matin, environ 500 étudiants étaient regroupés aux cris de "Non au 5e mandat!", "Bouteflika dégage!", "Algérie libre et démocratique", à l'intérieur de la "fac centrale".
Les agents de sécurité de l'université ont cadenassé les grilles pour empêcher les étudiants de sortir, ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Policiers et étudiants sont des frères", crient aussi les étudiants aux membres des forces de l'ordre, certains arborant casques et boucliers anti-émeutes, déployés en nombre dans la rue, de l'autre côté des grilles.
De nombreux étudiants brandissent des drapeaux algériens.
"Pour éviter la confrontation avec la police, les étudiants de plusieurs facultés d'Alger ont décidé de se rassembler dans l'enceinte de l'université", a expliqué à l'AFP Raouf, étudiant en master de journalisme, qui n'a pas donné son nom de famille.
"Pas en mon nom"
"Les policiers n'ont pas le droit d'entrer" dans les universités, rappelle-t-il.
Des rassemblements similaires sont prévus dans les différentes universités du pays.
Aucun journaliste n'a été autorisé à pénétrer à l'intérieur de la "fac centrale" a fait savoir à une équipe de l'AFP un responsable de la sécurité.
Un impressionnant dispositif policier est déployé dans le centre d'Alger et de nombreux véhicules des forces de l'ordre sont garés sur les axes adjacents à l'université.
"Pas en mon nom!", est un des mots d'ordre de la contestation de mardi qui a été lancée sur les réseaux sociaux après le soutien affiché de onze associations estudiantines à la candidature de M. Bouteflika.
"Nous organisons une démonstration de force afin de montrer que ces 11 associations n'ont pas parlé en notre nom", a expliqué à l'AFP Hakim 23 ans, étudiant en génie civil à l'université des sciences et technologie de Bab Ezzouar (USTHB), à une quinzaine de km du centre de la capitale.
Des enseignants et universitaires ont appelé leurs collègues à se joindre aux étudiants mardi.
"Nous avons le devoir d'incarner la voix du peuple qui se lève contre un système politique devenu une véritable menace pour notre avenir et la stabilité du pays", expliquent-il dans ce texte.
Lundi, les autorités algériennes ont répondu pour la première fois aux protestataires en écartant implicitement l'hypothèse d'un renoncement d'Abdelaziz Bouteflika et en affirmant que les "urnes trancheront".
"Les élections auront lieu dans moins de deux mois et chacun choisira librement", a déclaré le Premier ministre Ahmed Ouyahia, alors que le délai de dépôt des candidatures expire dimanche à minuit.
Il a également mis en garde les Algériens "contre les risques de dérapages sérieux".
Ces derniers jours, face à la contestation, plusieurs membres du camp présidentiel ont agité plus ou moins explicitement le spectre de la "décennie noire" de guerre civile en Algérie (1992-2002), à laquelle M. Bouteflika est largement crédité d'avoir mis fin en arrivant au pouvoir.
Réélu sans discontinuer depuis 1999, M. Bouteflika n'apparaît lui-même plus que très rarement en public depuis qu'il a subi un accident vasculaire cérébral en 2013.
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