Dominées par des combattants kurdes et soutenues par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont suspendu il y a plus d'une semaine la phase "finale" de leur offensive dans l'est de la Syrie pour éviter un bain de sang, accusant les jihadistes d'utiliser les civils comme "boucliers humains".
Le coup de grâce militaire et la fin officielle du "califat" de l'EI en Syrie sont prévus à l'issue de ces évacuations.
"Nous nous attendons à la sortie aujourd'hui d'un grand nombre de civils et espérons qu'il s'agira de la dernière vague" d'évacuation, a indiqué à l'AFP Moustafa Bali, un porte-parole des FDS.
Quelque 5.000 personnes --hommes, femmes et enfants-- ont quitté depuis mercredi la dernière poche jihadiste, réduite à moins d'un demi-kilomètre carré dans le village de Baghouz, dans la province orientale de Deir Ezzor.
Aucune évacuation n'a été enregistrée samedi et dimanche selon les FDS, mais l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a évoqué le transfert de 1.400 personnes --des familles de jihadistes et des combattants-- vers l'Irak.
Une information niée par les responsables kurdes. "Nous ne remettons aucune personne qui passe à travers nous aux autorités irakiennes ou à toute autre partie", a affirmé à l'AFP Abdel Karim Omar, chargé des Affaires étrangères au sein de l'administration semi-autonome kurde.
"A moins que ces personnes aient été évacuées à travers une autre partie", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Jihadistes jusqu'au-boutistes
Quelque 5.000 personnes seraient encore présentes dans la poche jihadiste, selon les FDS qui ont revu à la hausse leurs estimations initiales de 2.000 personnes, au vu du nombre important d'évacués ces derniers jours.
Encerclés depuis des semaines, les combattants jusqu'au-boutistes de l'EI ont truffé de mines ce bout de territoire pour ralentir l'avancée des FDS et compliquer la fuite de civils.
Mais "dans les prochains jours, nos forces annonceront la fin de l'EI" en Syrie, a assuré M. Omar.
Depuis décembre, quelque 46.000 personnes, des civils et des jihadistes, ont déjà quitté le secteur, selon l'OSDH, tandis que l'EI ne contrôle plus que quelques pâtés de maisons à Baghouz.
Les jihadistes présumés sont envoyés dans des centres de détention, où sont menés des fouilles et des interrogatoires poussés, et leurs familles transférées vers le camp de déplacés d'Al-Hol, dans la province de Hassaké (nord-est), au terme de longs trajets dans des conditions très sommaires.
Depuis décembre, 78 personnes sont mortes lors de ces trajets ou peu après leur arrivée au camp d'Al-Hol, a indiqué dimanche Misty Buswell, de l'ONG Comité international de secours (IRC) pour le Moyen-Orient. Deux-tiers des victimes sont âgées de moins d'un an, a-t-elle déploré.
"La population du camp s'élève désormais à 45.000 personnes", a ajouté la responsable, faisant état d'"un besoin urgent d'eau, de nourriture et de soins médicaux".
Dans la nuit de vendredi, une bombonne de gaz dans un entrepôt du camp a provoqué un incendie blessant 16 travailleurs et brûlant plus de 200 tentes qui y étaient stockées, a-t-elle ajouté.
"La communauté internationale n'assume pas ses responsabilités", a pour sa part déploré Abdel Karim Omar. "Les organisations internationales n'assurent aujourd'hui que 5% des besoins dans les camps d'accueil de déplacés et les centres de détention" des jihadistes, a-t-il affirmé à l'AFP.
"Défis énormes"
"L'afflux soudain" d'hommes, mais surtout de femmes et d'enfants fuyant Baghouz, pose des "défis énormes", a reconnu vendredi le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) sur Twitter.
L'organisation a aussi souligné "le besoin urgent de tentes supplémentaires, d'articles sanitaires, de médicaments" à Al-Hol.
"C'est le plus grand défi qui nous attend à moins que les gouvernements agissent et assument leurs responsabilités à l'égard de leurs citoyens", a écrit dimanche Moustafa Bali sur Twitter, en allusion notamment aux pays occidentaux dont de nombreux ressortissants avaient rejoint l'EI en Syrie.
Si l'EI est sur le point de perdre son ultime bastion syrien, ses jihadistes sont disséminés dans le désert central de la badiya et mènent des attaques dans les régions des FDS.
La fin territoriale de l'EI dans le secteur de Baghouz "ne signifie pas que nous avons vaincu le terrorisme", a insisté M. Omar, évoquant l'importance d'une politique de développement inclusive après la défaite de l'EI en Syrie.
Déclenchée en 2011, le conflit syrien a fait plus de 360.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.
A LIRE AUSSI.
Syrie: les jihadistes de l'EI sommés de se rendre, craintes pour les civils
Syrie: de nombreux civils encore dans le réduit de l'EI, offensive ralentie
Syrie: urgence humanitaire face à l'afflux de civils quittant le réduit de l'EI
Syrie: lente progression des forces arabo-kurdes dans le dernier réduit de l'EI
Syrie: des centaines de personnes, dont des jihadistes, quittent l'ultime poche de l'EI
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.