Juan Guaido, qu'une cinquantaine de pays ont reconnu comme président intérimaire, a appelé à "envisager toutes les éventualités" contre Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013 et dont ses adversaires jugent la réélection frauduleuse.
Les Etats-Unis ont déjà haussé le ton. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui n'a pas exclu l'usage de la force, a qualifié dimanche le dirigeant chaviste de "pire du pire des tyrans" et s'est dit "certain que, grâce aux Vénézuéliens, les jours de Maduro sont comptés".
La voix de Washinton sera portée par Mike Pence à la rencontre de Bogota, prévue à partir de 09h00 locales (14h00 GMT) et dont les conclusions sont attendues vers 16h00 (21h00 GMT).
"La réunion a comme objectif d'adopter une déclaration qui contribuera à continuer de créer les conditions pour qu'il y ait liberté et démocratie au Venezuela", a annoncé la présidence colombienne dimanche soir dans un communiqué.
Le Groupe de Lima, composé de 14 pays latino-américaines et du Canada, a été créé en 2017 pour promouvoir une issue à la crise dans laquelle s'enfonce l'ancienne puissance pétrolière vénézuélienne. Il n'a pas reconnu le deuxième mandat de Maduro, entamé le 10 janvier.
Usage de la force envisagé
Lundi, le président auto-proclamé et chef du parlement vénézuélien, dominé par l'opposition, y fera officiellement son entrée. "Le gouvernement légitime du Venezuela s'intègre formellement au Groupe de Lima", a déclaré le président colombien Ivan Duque, pourfendeur de la "dictature" de Nicolas Maduro.
Selon le député Julio Borges, qui jusque là y representait Juan Guaido, le président auto-proclamé "sollicitera un renforcement des pressions diplomatiques et l'usage de la force contre Maduro".
Bravant une interdiction judiciaire de sortie du Venezuela, l'opposant à Nicolas Maduro s'était rendu vendredi à Cucuta, en Colombie, pour donner le lendemain le coup d'envoi à l'entrée au Venezuela de tonnes d'aliments et de médicaments, envoyés essentiellement des Etats-Unis à sa demande.
Nicolas Maduro refuse cette aide, y voyant un prétexte à une intervention militaire américaine pour l'évincer du pouvoir.
Les camions chargés de ces produits de première nécessité, destinés à pallier les pénuries dont souffrent les Vénézuéliens, ont dû se replier samedi, face au blocage frontalier ordonné par le gouvernement et qui a dégénéré en violences.
Trois personnes ont été tuées et plusieurs centaines d'autres blessées, lors de heurts aux frontières de la Colombie et du Brésil, où une autre partie de l'aide est stockée.
L'ONU comme l'Union européenne ont déploré ces violences.
A son arrivée à Bogota, Juan Guaido a pour sa part condamné "un crime sans précédent", dénonçant le fait que le Venezuela se soit éveillé "à nouveau avec une crise qui aurait pu être allégée" la veille.
Régime ravi de bloquer l'aide
Depuis 2015, au moins 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui vers les pays de la région, dont plus d'un million en Colombie, selon le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU.
Le régime, qui attribue la crise aux sanctions des Etats-Unis, s'est pour sa part félicité que l'opération ait échoué. "Pas une camionnette n'est passée," a lancé le président de l'Assemblée constituante, Diosdado Cabello.
La tension reste tangible aux frontières du pays. Avec les violences de samedi, "s'est dessiné un scénario selon lequel il pourrait y avoir une intervention de force", a déclaré à l'AFP, Laura Gil, experte en politique internationale, estimant que l'opposition avait à gagner "encore plus si Maduro amplifiait la répression comme il l'a fait".
Le Groupe de Lima - qui comprend l'Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, le Guyana et Sainte-Lucie - s'était réuni pour la dernière fois le 4 février à Ottawa.
Onze de ses membres avaient alors appelé à un changement pacifique de gouvernement et exhorté l'armée, pilier du régime, à reconnaître Juan Guaido, ainsi qu'à laisser entrer l'aide humanitaire. Le dirigeant chaviste avait jugé cet appel "répugnant et risible".
Si plus de 150 membres des forces de l'ordre ont déserté durant le week-end, la majorité se réfugiant en Colombie, Nicolas Maduro bénéficie encore du soutien de l'état-major des forces de sécurité, qui comptent plus de 365.000 membres, outre 1,6 million de miliciens civils.
Le successeur du défunt président Hugo Chavez (1999-2013) garde aussi des alliés dans le monde comme la Russie, la Chine et Cuba, dont le président Miguel Diaz-Canel s'est prononcé dimanche pour la défense du Venezuela où "se joue la dignité du continent".
A LIRE AUSSI.
Venezuela: Guaido reconnu comme président par 19 pays européens
Venezuela: épreuve de force au jour J fixé pour l'entrée de l'aide
Venezuela: l'opposition dans la rue pour rallier l'armée à Juan Guaido
Venezuela: Guaido avertit l'armée que bloquer l'aide est un "crime contre l'humanité"
Venezuela: semaine cruciale autour de l'entrée de l'aide humanitaire
- aide humanitaire
- anciennes puissances
- argentine
- assemblée constituante
- bogota
- Bresil
- Canada
- chef du parlement
- Chili
- chine
- colombie
- costa rica
- cúcuta
- démocratie au venezuela
- diosdado cabello
- État-major
- Guatemala
- guyana
- Honduras
- hugo chavez
- julio borges
- lima
- Mexique
- miguel diaz-canel
- mike pence
- nicolas maduro
- ottawa
- Panama
- Paraguay
- Pérou
- piliers du régime
- russie
- sainte-lucie
- sanctions des etats-unis
- USA
- Venezuela
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.