"Je n'ignore rien des difficultés du quotidien", des agriculteurs "néanmoins je constate avec vous que parce qu'il y a eu mobilisation collective (...) les choses sont en train de s'améliorer", a défendu le président de la République dans un discours prononcé devant de futurs jeunes agriculteurs.
"Toutes les filières, tous les acteurs doivent continuer à se mobiliser", a-t-il déclaré. "De ces combats nous ne lâcherons rien", a-t-il dit faisant valoir les efforts faits par l'exécutif pour restituer la valeur à "ceux qui produisent", aux agriculteurs.
Le chef de l'Etat a surtout centré son discours sur sa vision européenne de l'agriculture, alors que les négociations pour élaborer la future politique agricole commune (PAC) viennent de commencer et que le scrutin des européennes se rapproche (du 23 au 26 mai).
Il a appelé à "réinventer" cette PAC afin d'assurer "la souveraineté alimentaire, environnementale et industrielle" du continent européen, alors que pour ses approvisionnements en alimentation animale, l'Europe est dépendante à 70% de soja importé.
M. Macron a souligné que "la nourriture ne sera jamais une marchandise comme les autres", estimant que "cet engagement oblige la société à un devoir de protection vis-à-vis de toutes celles et tous ceux qui nous nourrissent et ce devoir de protection, ceux qui ont imaginé la politique agricole commune ne l'ont jamais perdu de vue".
"L'Europe agricole aujourd'hui est menacée de l'extérieur", notamment face aux grandes puissances comme la Russie, la Chine ou les Etats-Unis, et "de l'intérieur", a-t-il aussi estimé, en appelant à l'unité et en soulignant que "sans la PAC, les consommateurs européens ne bénéficieraient pas d'une alimentation accessible et de qualité".
Si les agriculteurs français attendent beaucoup de la PAC, ils ont aussi des demandes immédiates: vendre leurs produits à des prix qui leur permettent de vivre, investir pour avoir des exploitations plus écolo, et ne plus être sans cesse critiqués, ce qu'ils nomment l'"agri-bashing".
"Nous allons bannir ce mot et faire de l'agri-acting", a indiqué la présidente de la FNSEA Christiane Lambert lors d'une conférence de presse dans la semaine.
Le salon c'est l'occasion "d'expliquer que l'agriculture, c'est beau, c'est bon, que l'alimentation française c'est la meilleure du monde et que les agriculteurs font des produits de qualité. il faut positiver, c'est la positive agriculture", a déclaré vendredi le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume.
Détresse morale
Il déplore cependant "qu'il y ait encore un agriculteur qui se suicide tous les deux jours".
Un drame de la ruralité qui a motivé Patrick Maurin, élu local de Marmande (Lot-et-Garonne) à prendre son bâton de pélerin, et à marcher 250 km du Touquet, villégiature des Macron, jusqu'à Paris, où il est arrivé vendredi. Son souhait: remettre samedi au chef de l'Etat un cahier de "doléances" disant la détresse morale du monde agricole.
Pour lutter contre cette situation "insupportable", estime M. Guillaume, "il faut de meilleures conditions de travail, il faut surtout de meilleurs revenus, et il faut arrêter de montrer du doigt, de prendre les paysans pour des boucs émissaires, ils n'en sont pas". Le ministre compte sur la loi Alimentation récemment votée pour rééquilibrer les revenus des paysans.
Si 85% des Français ont une bonne opinion des agriculteurs, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et le Figaro, l'agriculture a du mal à faire rêver les jeunes et les demandeurs d'emploi, alors que la profession manque de bras.
Un problème majeur, qui pose la question de la pérennité même de l'agriculture française: "un tiers des professionnels" cesseront leur activité d'ici 2022, selon Xavier Heinzlé, des Jeunes agriculteurs.
La tension ne sera peut-être pas que dans les têtes des agriculteurs, mais viendra aussi de l'extérieur: alors que les gilets jaunes vivent samedi l'acte 15 de leur mouvement, certains de leurs leaders ont prévu de s'inviter dans la plus grande ferme de France et tenter d'interpeller le chef de l'Etat.
Selon les organisateurs, le même dispositif de sécurité que d'habitude est prévu, adaptable en cas d'éventuelle irruption de "gilets jaunes".
Le salon, qui dure neuf jours, attend entre 650.000 et 700.000 visiteurs.
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