Le nouvel académicien a profité de son premier discours sous la Coupole pour dénoncer "le globish décérébré et sans volupté" et "le snobisme mortifère de l'anglo-américain des services, de la communication bureaucratique".
"Le style, c'est l'anti-globish! C'est notre flamme, notre incarnation vive, notre révolte prométhéenne contre l'ordre du monde et les dieux monotones", a lancé l'écrivain à l'écriture charnelle et pleine de démesure, auteur de 26 romans dont "Les flamboyants", couronné par le prix Goncourt en 1976.
"On parle à tort de la pureté du style. Mesdames et Messieurs de l'Académie, le style est impur. Il est le sacrilège de la beauté", a-t-il estimé.
Revêtu du traditionnel habit vert (conçu par Stark & Sons, l'un des couturiers attitrés des académiciens), le nouvel académicien a, comme le veut la tradition, rendu hommage à Alain Decaux, "cet amoureux des rêves de l'Histoire", à qui il succède au fauteuil n°9.
Lundi, ses amis lui avaient offert son épée d'académicien, une épée d'officier-médecin, "épée guérisseuse et magicienne" selon Patrick Grainville.
"Je ne suis qu'un homme frêle, paré de lauriers d'or, et futiles! N'étaient... les mots de la langue française qui m'ont donné corps et chair, muscle et force, sang et souffle de verbe. Les mots sont mes seules armoiries, ma seule panoplie et mon épée", a déclaré l'écrivain âgé de 71 ans.
"Écrire ce n'est pas tant chercher le mot juste et académique que trouver le mot imprévu et d'une vérité plus profonde, plus irradiante", a-t-il ajouté.
"Contre tous les manques de l'existence, les mots sont la présence, l'arbre de vie, le fleuve intarissable, le paradis retrouvé. Le paradis inventé. Je chante la langue française. Sa luxuriance lucide", a-t-il insisté.
"L'Académie (...) voit entrer ici avec vous un écrivain de tous les excès", lui a répondu Dominique Bona chargée de prononcer son éloge.
"À l'Académie, vous allez apporter vos fièvres et vos colères et les couleurs de vos flamboyants", a ajouté, ravie, l'académicienne.
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