Le Premier ministre a mené la riposte, au lendemain de la publication d'un rapport du Sénat, dominé par l'opposition, qui accable la présidence de la République pour sa gestion du scandale autour d'Alexandre Benalla, ancien proche collaborateur d'Emmanuel Macron.
Pourtant épargné par l'enquête, mais rappelant être "responsable devant le Parlement", le Premier ministre est monté au front, épinglant à la fois son bien-fondé et sa tonalité dans une déclaration improvisée sur le perron de Matignon.
"Traditionnellement, la séparation des pouvoirs fait qu'il n'appartient pas ni à l'Assemblée nationale ni au Sénat de se prononcer sur l'organisation interne de la présidence de la République", a dit Édouard Philippe, soulignant que la justice est saisie de cette affaire qui "part d'une dérive personnelle".
"La commission d'enquête du Sénat et le Sénat ont choisi de se livrer à une appréciation qui est je crois très politique. Je n'en suis pas surpris mais comme j'ai un attachement très vif et très grand au principe de séparation des pouvoirs, j'en suis un peu déçu", a-t-il encore déploré.
Ce principe a été "scrupuleusement respecté", ont immédiatement répondu le président et les corapporteurs de la commission d'enquête du Sénat, soulignant en retour que "la mission fondamentale du Parlement dans ses pouvoirs de contrôle" doit être "pleinement respectée".
"Grand serviteur de l'État"
Si pour l'heure Emmanuel Macron est resté silencieux, le Premier ministre a particulièrement pris la défense du secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, qu'il a connu durant ses études à Sciences-Po. "Un grand serviteur de l'État", a-t-il fait valoir en critiquant des "recommandations incompréhensibles et souvent injustes" des sénateurs.
Les rapporteurs ont demandé au bureau du Sénat de saisir la justice pour vérifier "un certain nombre d'omissions, d'incohérences et de contradictions" relevées lors des auditions des plus hauts collaborateurs du chef de l'État, dont M. Kohler, mais aussi du directeur de cabinet Patrick Strzoda et du chef du groupe de sécurité de la présidence, le général Lionel Lavergne.
Ces récriminations du Premier ministre couronnent une contre-attaque massive de l'exécutif et la majorité, utilisant les mêmes arguments.
Comme Nicole Belloubet, qui a jugé mercredi "curieux qu'une commission d'enquête parlementaire enquête sur les services de l'Élysée". "Constitutionnellement ce n'est pas possible et ce n'est pas possible non pas pour des raisons politiques, ce n'est pas possible parce que c'est une question de séparation des pouvoirs", a martelé la garde des Sceaux sur LCI.
"Torpille politique"
Le patron de La République en marche Stanislas Guerini a de son côté accusé les sénateurs d'avoir agi "de façon totalement orientée politiquement".
"Ce rapport, c'est une sorte de torpille politique qui était fomentée par les sénateurs LR, socialistes", a-t-il insisté sur Radio Classique. "Il est fait pour abîmer l'Élysée (...) Je crois que c'est un jeu dangereux dans le moment que nous vivons dans notre démocratie que de jouer à ce petit jeu-là politique", a-t-il ajouté.
Pour le ministre chargé des Relations avec le parlement Marc Fesneau, la commission pose "manifestement un regard politique sur le fonctionnement de l'Élysée". Les sénateurs ont émis "des hypothèses sans apporter la preuve de quoi que ce soit", a-t-il dénoncé sur Public Sénat.
François Bayrou, le président du MoDem, partenaire de la majorité présidentielle, a lui déploré une "certaine délectation à pointer du doigt" d'éventuelles dérives à l'Élysée. Il a néanmoins jugé que "le pouvoir" devait être attentif à "ce qui doit être corrigé dans la manière dont sont organisées les institutions et leurs pratiques".
Membres de la commission d'enquête, le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner s'est désolé sur BFMTV d'être "le bouc émissaire de l'exécutif", a-t-il renchéri, le sénateur LR François Grosdidier regrettant lui "une fuite en avant" du gouvernement.
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