Quatre hommes et la société "Gruppo mondiale" sont jugés dans cette affaire, qui a démarré quand le musée Rodin a déposé plainte en 2001.
Dix-huit ans plus tard, après plusieurs renvois, le procès a enfin démarré, mais la société est désormais liquidée et trois prévenus n'ont pas fait le déplacement. L'Américain Gary Snell, qui était le patron de l'entreprise, est donc seul à la barre: l'élégant septuagénaire est notamment jugé pour "contrefaçon", "pratique commerciale trompeuse", "exportation ou importation d'ouvrages contrefaits".
En 1916, Auguste Rodin a fait don de l'ensemble de ses oeuvres originales, plâtres, moulages, bronzes à l'État français. Il revenait à ce dernier de valoriser ce patrimoine dans un musée qui bénéficie en conséquence d'une exclusivité en France sur l'édition et la conservation des oeuvres originales de l'artiste.
Mais des plâtres n'ont pas été restitués au musée. Et l'originalité de ce procès vient du fait que les tirages des oeuvres contrefaites ont été réalisés à partir d'authentiques plâtres, vendus par la fonderie historique de Rodin, Rudier. Les reproductions ont été vendues, présentées comme des originaux, dans des expositions à Venise, Genève, Toronto etc.
"Aucun des objets ne portait la mention +reproduction+. Aucun non plus ne portait le cachet du fondeur. Pourquoi ?", a interrogé la présidente de la Cour. "La fonderie n'appose pas systématiquement son cachet", a répondu Gary Snell. "Lors de notre rencontre, le musée Rodin m'avait expliqué que la mention +reproduction+ était obligatoire en France seulement", s'est défendu le prévenu.
"La Cour se trompe car vous ne comprenez pas comment se déroule le processus de fonte", a-t-il aussi tenté, face aux questions pressantes de la présidente. "Rodin est un sculpteur qui se vend bien, cher, qui peut rapporter beaucoup d'argent. M. Snell est un entrepreneur et travaille pour gagner de l'argent", a aussi lancé la magistrate.
La société italienne Gruppo Mondiale aurait produit, selon des estimations, environ 1.700 pièces à partir de 52 oeuvres de l'artiste, pour un chiffre d'affaires de quelque 60 millions d'euros.
L'affaire a déjà été jugée en 2014 mais à l'issue du procès, le tribunal correctionnel de Paris s'était déclaré incompétent, estimant qu'il n'était pas démontré que les sculptures aient été fabriquées, exposées ou vendues sur le territoire français. Le parquet avait fait appel de cette décision et obtenu un nouveau procès.
Celui-ci se poursuit jeudi avec les plaidoiries et les réquisitions de l'avocat général.
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