À l'entrée des urgences de l'hôpital de Fécamp (Seine-Maritime), un message écrit en grandes lettres noires et rouges sur un panneau affiche la couleur : "Urgences en grève". Le préavis a été déposé du lundi 18 février 2019 au dimanche 24 février.
En pleine épidémie de grippe, les soignants disent stop. "La situation est très difficile pour les agents et pour les patients, témoigne Alain Matranga, membre du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'hôpital, délégué syndical SUD Santé et ambulancier. Le nombre de passages aux urgences et les sorties du SMUR augmentent d'année en année mais les effectifs, eux, n'augmentent pas."
Une lettre dénonçant ces conditions de travail a été envoyée à l'Agence régionale de santé et à la direction notamment et un CHSCT extraordinaire a été organisé le 6 février dernier pour travailler sur des pistes d'amélioration indique la direction.
"Les collègues arrivent en pleurant, font leur travail et repartent en pleurant"
Cela ne peut plus durer annonce l'intersyndicale CGT, CFDT et SUD. Les soignants sont "épuisés" témoignent les représentants syndicaux, dont Julien Goulet, ambulancier :
"Les collègues arrivent en pleurant, font leur travail et repartent en pleurant"
Des patients dans les couloirs
D'après l'intersyndicale il manque des soignants mais aussi de la place, si bien que certains patients se retrouvent dans le couloir. "Ils ne sont alors pas séparés par un rideau, ce qui pose un vrai problème pour leur intimité", poursuit Alain Matranga.
Ce que déplore aussi le personnel, c'est le manque d'anticipation de la direction. "C'est récurrent depuis 4-5 ans, on alerte la direction et tous les ans, on se retrouve dans la même situation", ajoute Pierre Legris, secrétaire du CHSCT, représentant CFDT et assistant kinésithérapeute. "Il y a six ans, un audit externe avait déjà pointé du doigt le manque de personnel", complète Emmanuel Prévost, de la CFDT.
"L'absentéisme est en train d'exploser"
Les syndicats demandent a minima une infirmière supplémentaire la nuit toute l'année, une aide-soignante de plus en journée et la création d'un service de débordement d'une dizaine de lits pour accueillir les patients des urgences en cas de surnombre. "Il faut aussi attirer les professionnels, ajoute Yves Tannière, représentant de la CGT. Et pour cela, on peut agir sur les conditions de travail, développer des choses pour que les personnels se sentent bien. Actuellement ce n'est pas le cas et ça débouche sur une usure professionnelle qui fait que l'absentéisme est en train d'exploser."
Dispositif exceptionnel
"Il y a effectivement une situation de tension depuis environ mi-décembre, explique Richard Lefèvre, directeur de l'hôpital. On a donc mis en place un dispositif exceptionnel de débordement de lits [accueil des patients qui relèvent des urgences dans d'autres unités de l'hôpital NDLR] et renforcé les équipes soignantes." L'équivalent de deux postes a ainsi été affecté à ce service. Ce dispositif devait aller jusqu'au 18 février mais, face à la situation, a été prolongé jusqu'au 4 mars.
La direction reconnaît qu'il y a aussi une réflexion pour, effectivement, mieux anticiper la situation. Les discussions sont en cours pour développer une unité de débordement pérenne au sein de l'hôpital. La direction réfléchit également à réorganiser le service pour fluidifier les passages aux urgences :
"Avoir des parcours patients plus fluides"
Il peut s'agir par exemple de services médicaux sociaux qui peuvent apporter une aide à domicile pour un retour des patients plus rapide et plus facile.
Sur la question du recrutement en revanche, le directeur laisse peu d'espoir : "on est ouvert mais il y a un équilibre financier et budgétaire à respecter".
Si les revendications des syndicats ne sont pas acceptées, la grève sera reconduite.
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