Le placement en détention provisoire mardi soir de l'ex-collaborateur du chef de l'Etat pour ne pas avoir respecté le contrôle judiciaire qui lui était imposé dans le cadre de l'enquête sur les violences du 1er mai 2018 à Paris et la présentation mercredi d'un très attendu rapport d'enquête du Sénat, dominé par l'opposition, ne sont que les énièmes épisodes de ce feuilleton qui voit se succéder mises en cause, perquisitions, auditions, révélations de la presse et interpellations au Parlement depuis sept mois.
Tant et si bien qu'il est souvent comparé par les éditorialistes au "sparadrap" dont n'arrive pas à se débarrasser Emmanuel Macron, à l'instar du capitaine Haddock dans l'album de Tintin L'Affaire Tournesol.
Et nul se s'avance à prédire quand cessera cette affaire, dont le déclenchement, le 28 juillet, a marqué la fin d'une première année plutôt souriante pour le quinquennat d'Emmanuel Macron.
Des élus de l'opposition y voient "une affaire d'Etat". Qui est menée par MM. Benalla et Macron, "des gamins sans limites, animés par un sentiment de surpuissance, qui s'exonèrent de toutes les règles de la République", selon le sénateur François Grosdidier (LR), membre de la commission d'enquête.
Mais, pour le député LREM Alain Tourret, membre de la commission des Lois et avocat de profession, il s'agit plutôt d'"une affaire de cornecul", qui a "alourdi le climat politique" jusqu'à jouer un rôle dans le déclenchement de la contestation des "gilets jaunes".
Dans les premières semaines, l'affaire crée des tensions au sein même du gouvernement, que décide de quitter fin août le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, après en avoir renvoyé la responsabilité sur l'Elysée devant la commission d'enquête parlementaire.
"Dysfonctionnements"
Puis se succèdent les révélations sur les "dysfonctionnements" ayant permis à Alexandre Benalla, malgré sa jeunesse et son inexpérience, de gagner autant d'influence. Jusqu'à ne pas rendre un téléphone crypté Teorem et utiliser un passeport diplomatique pour aller, selon la presse, en Afrique rencontrer notamment le président tchadien Idriss Déby alors qu'il avait été licencié par l'Elysée.
La dernière affaire en date porte sur un contrat de sécurité bénéficiant à un oligarque russe qui aurait, selon Mediapart, été "négocié" par Alexandre Benalla, du temps où il était encore à l'Elysée. Le parquet national financier a indiqué avoir ouvert une enquête.
"Il y a eu des dysfonctionnements à l'Élysée" qui "sont insupportables et incompréhensibles pour les Français", a reconnu le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux après ces dernières révélations fin janvier.
Au fil des mois, les sénateurs ont auditionné de nombreux proches collaborateurs d'Emmanuel Macron, comme son bras droit Alexis Kohler, son directeur de cabinet Patrick Strzoda, son chef de cabinet François-Xavier Lauch ainsi que des responsables de la sécurité de l'Elysée, autant d'hommes de l'ombre brutalement exposés à la notoriété en direct à la télévision.
Les enquêteurs soupçonnent en outre Ismaël Emelien, le "conseiller spécial" du président, d'avoir récupéré des vidéos qu'Alexandre Benalla avait obtenu illégalement auprès de la police pour se disculper après les violences du 1er mai. Ismaël Emelien a récemment annoncé son départ de l'Elysée, en plein milieu d'une vaste réorganisation des services.
Sans le mettre directement en cause, ces développements ont eu un impact négatif sur l'image d'Emmanuel Macron, qui n'a cessé de dégringoler dans les sondages avant d'amorcer une remontée depuis le lancement du grand débat.
Alexandre Benalla a récemment affirmé avoir continué à communiquer à plusieurs reprises avec lui fin 2018, des échanges qui se sont résumés à deux sms selon l'Elysée.
Depuis, les ponts semblent avoir définitivement été coupés entre le président et Alexandre Benalla, "qui se venge de son licenciement pour faute grave en entretenant tout un faisceau de contrevérités et d'approximations", a affirmé l'Elysée fin 2018.
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