Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, les jihadistes sont acculés dans une poche d'un demi-kilomètre carré à Baghouz, hameau de la province de Deir Ezzor aux confins orientaux de la Syrie.
Mais, depuis plusieurs jours, l'offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par une coalition internationale emmenée par Washington, piétine et la priorité est d'assurer la sortie des civils retenus dans le secteur et utilisés comme "boucliers humains" par les jihadistes, assure l'alliance arabo-kurde.
"Nous voulons isoler les civils pour les évacuer, avant de donner l'assaut", a indiqué mardi à l'AFP un porte-parole des FDS, Mustefa Bali, sans fournir plus de détails sur les procédures en cours pour parvenir à ce résultat.
L'ONU a exprimé mardi sa "vive préoccupation" au sujet de quelque "200 familles, dont plusieurs femmes et enfants, qui sont apparemment pris au piège dans le minuscule secteur encore sous contrôle de l'EI".
"L'EI empêche apparemment la sortie de beaucoup d'entre eux", a souligné dans un communiqué la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet.
Dans le village de Baghouz, les combattants de l'EI ne tiennent plus que quelques pâtés de maisons, où ils sont retranchés dans des tunnels, au milieu d'un océan de mines enfouies pour entraver l'avancée des FDS.
Les jihadistes n'ont que deux options, "se rendre ou être tués au combat", a fait valoir M. Bali.
Lundi après-midi, le calme régnait à Baghouz, où les combats féroces des jours précédents ont aplani les immeubles et carboniser des squelettes de voitures, a constaté une équipe de l'AFP.
"Le cauchemar est fini"
En 2014, l'EI avait proclamé un "califat" sur un territoire vaste comme la Grande-Bretagne.
Les jihadistes y avaient établi leur propre administration, exécutant et torturant ceux qui ne respectaient pas leur loi et fomentant des attentats meurtriers y compris à l'étranger.
Mais après de multiples offensives distinctes lancées en Syrie et en Irak, leur territoire s'est réduit comme peau de chagrin.
Le "cauchemar est fini", se félicite par avance Dino, un combattant des FDS, 26 ans.
"On a sauvé les gens. Les premières batailles étaient difficiles. On ne connaissait pas bien l'ennemi, maintenant on le connait intimement", lance le jeune homme.
Depuis début décembre, près de 40.000 personnes, principalement des familles de jihadistes, ont fui l'ultime réduit jihadiste dans l'est syrien, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les hommes soupçonnés d'appartenance à l'EI sont gardés dans des centres de détention. Les civils, dont les femmes et les enfants de jihadistes, sont transférés vers des camps de déplacés dans le nord syrien.
L'ONG Comité international de secours a annoncé lundi que 62 personnes sont décédées en route, durant un trajet qui dure environ six heures dans des bétaillères, ou peu après leur arrivée. Les deux tiers étaient des enfants de moins d'un an.
"Semer la mort"
Des centaines d'étrangers, interpellés au fil des batailles, sont toujours retenus par les forces kurdes.
Le président américain Donald Trump a exhorté les pays européens, réticents sur la question du retour des étrangers de l'EI, à rapatrier leurs ressortissants en Syrie.
Les réactions ne se sont pas faites attendre, Paris, Londres, Berlin et Bruxelles estimant globalement qu'un tel retour n'était pas à l'ordre du jour.
La bataille anti-EI représente aujourd'hui le principal front de la guerre en Syrie, qui a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés depuis 2011.
Alors que M. Trump s'est déjà réjouit d'une défaite imminente des jihadistes, un haut responsable des FDS a répété lundi que la défaite des jihadistes ne devrait pas tarder.
"Dans quelques jours, nous allons annoncer la victoire contre la plus grande organisation terroriste qui a fait la guerre au monde entier, et semé le chaos et la mort", a martelé dans un communiqué Zaidane al-Assi.
Outre le dernier réduit dans l'est syrien, des jihadistes de l'EI sont toutefois dispersés dans le vaste désert central de la Badiya et revendiquent des attaques menées par des "cellules dormantes" dans les régions des FDS.
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