"Ce mardi 19 février, environ 80 sépultures du cimetière israélite de Quatzenheim ont été découvertes profanées", marquées à la bombe de croix gammées, a annoncé la préfecture du Bas-Rhin.
Le parquet de Strasbourg a indiqué à l'AFP ouvrir une "enquête de flagrance" confiée à la section de recherches (SR) de la gendarmerie de la capitale alsacienne.
Selon un photographe de l'AFP, les tombes de ce cimetière, installé à Quatzenheim depuis 1795 dans ce village de 800 habitants, ont été marquées à la bombe de croix gammées bleues et jaunes. Une sépulture porte également l'inscription "Elsassisches Schwarzen Wolfe" ("Les loups noirs alsaciens"), possible référence à un groupe autonomiste alsacien actif dans les années 70.
"80 tombes juives profanées à Quatzenheim. Indignation et écœurement. Ces actes répugnants sont une injure à la mémoire de notre pays. Aux valeurs qui ont forgé l'âme de notre peuple. Tout sera mis en œuvre pour qu'ils ne restent impunis", a tweeté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Cité dans le communiqué de la préfecture, Jean-Luc Marx, préfet du Bas-Rhin, a condamné "avec la plus grande fermeté cet acte antisémite odieux et exprim(é) son soutien le plus total à la communauté juive qui a une nouvelle fois été prise pour cible".
"L'antisémitisme porte atteinte aux valeurs de la République que tous les Français ont en partage. Aucune violence, aucune manifestation de haine ou d'intolérance ne doit mettre en péril le vivre-ensemble", a-t-il souligné.
"Envie de vomir"
"Ça ne s'arrête plus, c'est secousse après secousse. Je ne sais combien de temps on va tenir (...) J'ai envie de vomir", a déclaré à l'AFP Maurice Dahan, président du Consistoire israélite du Bas-Rhin.
Cette profanation intervient alors que des rassemblements sont organisés dans de nombreuses villes à travers la France pour protester contre la montée de l'antisémitisme, dont l'une des dernières manifestations a été le tombereau d'insultes déversées sur l'académicien Alain Finkielkraut en marge du mouvement des "gilets jaunes".
Le Premier ministre Édouard Philippe et plus de la moitié du gouvernement, ainsi que de nombreux représentants de la classe politique, participeront à ces rassemblements, à Paris ou en province.
La dernière profanation en date d'un cimetière juif en Alsace avait été découverte le jour-même de l'attentat jihadiste contre le marché de Noël de Strasbourg, le 11 décembre, à Herrlisheim, commune de 5.000 habitants située au nord-est de Strasbourg.
Trente-sept stèles, ainsi que le monument des martyrs de la Shoah, avaient été recouvertes de graffitis antisémites.
Là aussi, les stèles avaient été marquées de croix gammées et l'inscription "Macron=anti-France" tracée sur le mur d'enceinte.
Christophe Castaner, qui s'était rendu sur place trois jours plus tard, avait avancé l'hypothèse d'un acte commis par un "groupuscule" de l'ultradroite.
En 2015, environ 300 tombes du cimetière juif de Sarre-Union, commune située dans le même département, avaient été vandalisées, tout comme un monument aux victimes de la Shoah. L'enquête avait mis en évidence un mobile antisémite.
Cinq adolescents, qui avaient reconnu leur participation, avaient été condamnés en 2017 à des peines allant de huit à 18 mois de prison avec sursis.
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