A Bayeux, tout le monde se souvient de ce jour funeste. L'odieux attentat, commis dans un restaurant très touristique à une heure de pointe, avait en effet ôté la vie à la jeune Salomé Girard, tué sa tante, Marie-Christine Bohin, originaire de l'Orne et âgée de 61 ans, grièvement blessé sa soeur aînée, Louise, et plongé toute une ville dans la sidération et la consternation.
"Une injustice terrible"
Un an après, "différente", la douleur est toujours aussi intense chez Christian et Fabienne, les parents de Salomé. Christian, qui vient d'exposer, pour la première fois, ses photos au centre culturel de Port-en-Bessin, ne peut toujours pas prononcer le nom de sa fille sans laisser échapper une larme et s'étrangler. "C'est très dur. Nous vivons en vase clos avec toujours le sentiment d'avoir vécu une injustice terrible", confesse celui qui nous confiait à l'automne : "la machine est cassée. Nous ne pouvons faire aucun projet".
Alors, certes, Louise, qui a assisté au verdict du tribunal de Salé, "va mieux physiquement". Certes, la justice est passée. Mais, l'année écoulée a été épuisante, éprouvante, notamment pour Christian qui s'est rendu 14 fois au Maroc pour suivre le procès des assassins de sa fille.
La justice marocaine a fait son travail
"Ca a été très difficile. Tous les débats se déroulaient en arabe. Malgré l'interprète mis à notre disposition par l'Ambassade, on aait du mal à suivre la teneur des débats. Rien n'était prévu pour nous et nous avons dû entendre des choses insoutenables, notamment les manifestations de soutien aux prévenus". Malgré tout et après quelques frayeurs, notamment due à la personnalité très controversée du ministre de la Justice de ce pays, l'institution marocaine a fait son travail.
Le poseur de bombe a été condamné à mort. Une peine qui sera commuée en prison à perpétuité et son complice le plus actif devra également passer le restant de ses jours en prison. Les sept complices condamnés dans un premier temps à des peines de prison allant de 2 à 4 ans ont été, après l'indignation et les recours des familles des victimes, condamnés à 10 ans en appel, pour association de malfaiteurs.
Sur les lieux de la tragédie pour la première fois
Samedi, une cérémonie sera organisée sur la place Jamaa El Fna. Christian et Fabienne partent ce vendredi 27 avril et seront de retour à Bayeux dimanche soir. C'est la première fois qu'ils se rendent à Marrakech, sur les lieux de l'attentat.
Une délégation de près de 100 personnes, des proches des victimes, sera reçue par les autorités marocaines. Le Garde des Sceaux, Michel Mercier, sera présent sur place. Un représentant de l'association de défense des victimes du terrorisme prendra la parole. Il sera imité par les autorités françaises et les autorités marocaines avant que les participants observent une minute de silence et écoutent l'instrumental de la chanson Imagine de John Lennon.
Pendant que des pigeons seront lâchés, les noms de toutes les victimes de cet acte atroce seront lentement cités. "Les autorités françaises et marocaines réfléchissent à l'édification d'une stèle commémorative", indique Christian Girard. "De notre côté, nous réfléchissons, en concertation avec le maire de Bayeux que nous avons rencontré mercredi 25 avril. Nous souhaitons permettre aux bayeusains de se souvenir de Salomé mais nous ne savons pas encore quel forme cela pourrait prendre".
Frédéric Oblin
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