Il a aussi décerné une récompense au film du réalisateur français François Ozon, "Grâce à Dieu", sur les scandales de pédophilie dans l'Eglise catholique, une production qui n'est même pas encore certaine de pouvoir sortir en salles comme prévu la semaine prochaine en France, en raison d'un litige judiciaire.
L'Ours d'or a été décerné à "Synonymes" de l'Israélien Nadav Lapid, dont le personnage principal est un jeune qui s'expatrie en France et refuse de parler hébreu.
"+Synonymes+ est un film qui pourrait être considéré comme un scandale en Israël", a déclaré Nadav Lapid en recevant son prix à Berlin, le premier attribué à un réalisateur israélien.
"Le film aborde le problème de l'âme collective israélienne" contemporaine qui "est incarnée par un mélange d'hommes forts, violents et fidèles à leur pays, sans ressentir de doutes, sans réserve", a dit le metteur en scène, dans une allusion à la montée en puissance du sentiment nationaliste dans son pays.
Questionnement sur la difficulté d'être Israélien mais aussi sur l'identité en général, "Synonymes" est inspiré de la vie du cinéaste à Paris au début des années 2000.
Son personnage, incarné par Tom Mercier, décide de rejeter sa culture et sa langue, d'apprendre le français dans un dictionnaire et de se faire adopter par la France, avant d'en découvrir aussi des aspects moins plaisants.
Pédophilie dans l'Eglise
Autre film distingué à Berlin, "Grâce à Dieu" raconte l'histoire vraie de trois victimes dans le scandale Barbarin, du nom du cardinal de Lyon jugé dans cette affaire, soupçonné d'avoir couvert des abus sexuels présumés commis par un prêtre français, le père Preynat.
"C'est un film qui essaie de briser le silence de l'Eglise catholique en France", a dit le réalisateur François Ozon. "Il s'agit d'une histoire vraie et il y a de grandes résistances en France".
Une allusion au bras de fer qui l'oppose à la défense de Bernard Preynat, qui a demandé un report de la sortie du film. La justice doit dire la semaine prochaine si le film peut sortir mercredi ou pas.
Si la projection devait être suspendue jusqu'à l'issue du procès du père Preynat à la fin de l'année ou en 2020, "ce serait une sorte de censure", a dit le réalisateur.
La Chine a été aussi mise à l'honneur à la Berlinale. Les prix d'interprétation sont revenus aux deux acteurs du film chinois "So Long, My Son" de Wang Xiaoshuai ("Beijing Bicycle"), long métrage sur l'impact de la politique de l'enfant unique dans le pays.
La Chinoise Yong Mei et le Chinois Wang Jingchun y incarnent un couple marqué par la perte d'un enfant, dont le film raconte l'histoire sur trois décennies après la Révolution culturelle, des années 1980 aux années 2010.
Critique
La présidente du jury, l'actrice française Juliette Binoche, a "regretté", au nom du jury, qu'un autre film chinois, "One Second" du vétéran Zhang Yimou - Ours d'or à Berlin en 1988 pour "Le Sorgho Rouge" - ait été retiré au dernier moment de la compétition, officiellement pour des "raisons techniques", mais officieusement en raison de la censure dans son pays.
"Nous avons besoin d'artistes qui donnent du sens à l'Histoire", a-t-elle ajouté.
Le prix du scénario a lui été décerné à l'italien "Piranhas" de Claudio Giovannesi, sur les gangs de jeunes à Naples.
L'écrivain anti-mafia Roberto Saviano, qui a co-écrit ce film, tiré d'un de ses livres, a dédié ce prix aux "ONG qui sauvent des vies en Méditerranée". "Dire la vérité dans notre pays est devenu très complexe, donc merci", a-t-il ajouté.
Un hommage a été rendu au début de la cérémonie à l'acteur suisse Bruno Ganz, mort samedi à 77 ans à Zürich, connu notamment pour son rôle d'ange dans le film "Les Ailes du désir" de Wim Wenders en 1987.
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