De longues files de personnes, vêtues de t-shirts blancs et de casquettes aux couleurs du drapeau vénézuélien, se formaient à Los Cortijos, dans le nord-est de Caracas, où des milliers de volontaires se sont rassemblés à l'appel de M. Guaido. L'opposant a promis que l'aide humanitaire entrerait dans son pays "quoi qu'il arrive" le 23 février, date à laquelle il a appelé samedi à de nouvelles manifestations.
"Je me suis inscrit parce que l'aide humanitaire est urgente. Trouver des médicaments relève du miracle. J'ai besoin de prendre des cachets pour la tension et ceux qu'on trouve, je ne peux pas les payer. Un proche est mort, faute d'antibiotiques", raconte à l'AFP Coromoto Crespo, 58 ans.
Reconnu par une cinquantaine de pays comme président par intérim du pays, le président du Parlement a réitéré son appel aux militaires afin qu'ils laissent passer l'aide humanitaire stockée en Colombie mais aussi, selon M. Guaido, au Brésil et prochainement sur l'île caribéenne de Curaçao.
"Tu as, entre tes mains, la possibilité de lutter aux côtés d'un peuple qui subit les mêmes pénuries que toi", a tweeté M. Guaido, à l'adresse des soldats.
De son côté, Nicolas Maduro a demandé vendredi à son armée de préparer un "plan spécial de déploiement" à la frontière colombienne, longue de 2.200 km. Il souhaite évaluer "quelles nouvelles forces" sont nécessaires pour que cette frontière "soit inviolable, imbattable, inexpugnable".
Nicolas Maduro refuse pour l'heure toute aide, qu'il considère comme un prétexte pour préparer une intervention militaire des Etats-Unis.
"Je n'exagère pas. Donald Trump et Ivan Duque ont annoncé à la Maison Blanche des plans de guerre contre le Venezuela", a ajouté le dirigeant chaviste, après la rencontre des présidents américain et colombien mercredi à Washington.
M. Trump avait alors réaffirmé qu'il étudiait "toutes les options" pour régler la crise.
Cette aide représente le point de fixation de la crise vénézuélienne à dimension internationale. A ce sujet, M. Duque a durci le ton vendredi à l'égard de M. Maduro en dialoguant avec Juan Guaido, lui promettant de l'assister afin que l'aide humanitaire arrive au Venezuela.
L'aide afflue
Plusieurs tonnes de vivres et de médicaments envoyées par les Etats-Unis sont stockées depuis le 7 février à Cucuta, ville colombienne à la frontière vénézuélienne, toujours bloquée au moyen de conteneurs déposés par les autorités de Caracas.
L'armée américaine va y ajouter près de 200 tonnes dans les prochains jours, a annoncé vendredi sous couvert d'anonymat un responsable du Pentagone. Et 2,5 tonnes de médicaments et aliments envoyés par Porto Rico (territoire américain des Caraïbes) viennent d'arriver à Cucuta.
L'aide humanitaire doit entrer dans le pays le 23 février, a assuré M. Guaido, soit un mois après s'être proclamé président par intérim du Venezuela. La majorité à l'Assemblée nationale avait alors qualifié M. Maduro d'"usurpateur" à la suite d'une élection présidentielle qu'elle considère frauduleuse.
"Nourriture pourrie"
Vendredi, M. Maduro a réaffirmé son refus de laisser entrer l'aide, la qualifiant de "miettes" de "nourriture pourrie". "C'est un piège, un attrape-couillons, ils font un show avec la nourriture pourrie et contaminée", a assuré le dirigeant chaviste dans un discours à Ciudad Bolivar (sud-est).
Le Venezuela, de plus en plus isolé sur la scène internationale, traverse une très grave crise économique, avec une population de plus en plus démunie face aux pénuries de vivres et de médicaments.
Nicolas Maduro dément cependant l'existence d'une "urgence humanitaire", et rejette la responsabilité des pénuries sur les sanctions américaines, dont Caracas évalue l'impact à 30 milliards de dollars par an sur l'économie vénézuélienne.
Il a par ailleurs assuré que son gouvernement distribuait des caisses d'aide alimentaire à des prix subventionnés à six millions de familles. Il a également indiqué avoir acheté 933 tonnes de matériel médical à la Chine, Cuba et la Russie, ses alliés.
Washington fait toujours davantage pression sur lui: le vice-président Mike Pence a appelé samedi l'Union européenne à reconnaître Juan Guaido comme chef de l'Etat par intérim, et la veille, les Etats-Unis ont infligé des sanctions financières à cinq hauts responsables proches de M. Maduro.
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