Les chiffres du gouvernement, qui a recensé 51.400 manifestants en France lors de l'acte 13, esquissent une décrue de la mobilisation ces dernières semaines. Un affaiblissement toutefois contesté par le mouvement, qui concède seulement une stagnation de ses forces en revendiquant la présence de 118.000 manifestants samedi dernier.
Lancée le 17 novembre, cette contestation inédite voit également le large soutien populaire dont elle bénéficiait s'effriter: pour la première fois, une majorité de Français (56%) souhaitent que la mobilisation s'arrête, selon un sondage Elabe diffusé mercredi.
Et presque deux tiers des sondés (64%) pensent que les manifestations hebdomadaires "se sont éloignées des revendications initiales du mouvement", centrées notamment sur le pouvoir d'achat, la démocratie directe et les prix du carburant.
Malgré ces signes de lassitude, beaucoup de "gilets jaunes" ne veulent "rien lâcher" après une semaine où deux figures du mouvement, le chauffeur routier Eric Drouet et l'ex-boxeur Christophe Dettinger, ont comparu devant la justice à Paris.
Un mois de prison avec sursis a été requis contre le premier vendredi pour organisation d'une manifestation non déclarée tandis que le second a été condamné mercredi à un an ferme, aménageable en semi-liberté, pour avoir violemment frappé deux gendarmes lors de l'acte 8 à Paris.
"Insurrection" ou "manif pacifique" ?
Les modalités d'action font en revanche l'objet de nombreux débats, au sein d'un mouvement protéiforme qui a fragilisé l'exécutif et l'a contraint à faire des concessions et à lancer un grand débat pour tenter de sortir de la crise.
A Paris, la mobilisation doit s'étaler sur l'ensemble du week-end pour marquer dimanche le troisième mois, jour pour jour, du mouvement.
Samedi, un événement largement suivi sur Facebook appelle à des "insurrections" et à "bloquer la place de l'Etoile le plus longtemps possible".
Un autre événement, encore plus populaire sur le réseau social, donne lui rendez-vous dimanche au même endroit, pour une manifestation "déclarée et pacifique" qui doit défiler essentiellement sur la rive gauche.
Les figures historiques du mouvement sont elles-mêmes plutôt discrètes sur leurs intentions notamment Eric Drouet, un des initiateurs de la première mobilisation du 17 novembre.
"Sur chacune des deux journées, des rassemblements informels et la constitution de cortèges sauvages ne peuvent être exclus", prévient la préfecture de police de Paris, qui promet un "dispositif conséquent" pour sécuriser la capitale.
Comme lors des précédents samedis, l'acte 13 avait été marqué par des incidents, notamment devant l'Assemblée nationale, où un manifestant a eu la main arrachée lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, entretenant la controverse sur les violences policières.
"Les démonstrations de violence (lors des manifestations) doivent cesser", a exhorté mercredi le chef de l'Etat Emmanuel Macron, dont les cortèges réclament régulièrement la démission. Son épouse Brigitte a, elle, appelé vendredi à la "réconciliation".
Réinvestir les ronds-points
A Bordeaux et Toulouse, autres places fortes de la contestation, des rassemblements sont prévus en début d'après-midi samedi, préludes à des défilés qui se sont souvent terminés par des violences.
En Midi-Pyrénées, mais aussi dans l'Est, plusieurs groupes appellent à fêter les trois mois du mouvement par un "retour aux sources", avec des rassemblements sur les ronds-points samedi dès le matin.
Des rassemblements sont également prévus samedi dans d'autres métropoles (Marseille, Lyon, Nantes, Lille) et plusieurs autres villes (Nice, Saint-Étienne, Bourg-en-Bresse, Pontivy, Alençon...)
Entre le gouvernement occupé à faire la promotion de son grand débat et les manifestants qui dénoncent une consultation de façade, le dialogue de sourds se poursuit.
"Ce mouvement ne revendique plus rien", a estimé jeudi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, autre cible de choix des manifestants, en ironisant: "Il revendique de faire une manifestation pour commémorer ses propres trois mois."
"Je ne vois pas pourquoi on s'arrêterait, on nous écoute pas", rétorque Chantal, porte-parole des "gilets jaunes" à Marseille. "On débat à notre place, mais nous, depuis novembre, on sait ce qu'on veut: du concret, c'est-à-dire une hausse du pouvoir d'achat et plus de services publics."
burs-rfo/jt/sma
A LIRE AUSSI.
"Gilets jaunes": l'arrestation d'Éric Drouet provoque l'indignation avant "l'acte VIII" du mouvement
Les "gilets jaunes" de retour dans la rue pour défier le gouvernement
Les "gilets jaunes" de retour dans la rue pour défier le gouvernement
- affrontements
- alençon
- bordeaux
- bourg-en-bresse
- chauffeur routier
- Christophe Castaner
- cible de choix
- démocratie directe
- Emmanuel Macron
- figure historique du mouvement
- france
- gilets jaunes
- l'étoile
- large soutien
- Lille
- Lyon
- marseille
- midi-pyrénées
- Nantes
- nice
- paris
- pontivy
- pouvoir d'achat
- prison avec sursis
- réseau social
- toulouse
- violences policières
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.