Lors d'une réunion avec le haut commandement militaire, M. Maduro a demandé à son armée de préparer un "plan spécial de déploiement" à la frontière colombienne, longue de 2.200 km. Il souhaite évaluer "quelle nouvelles forces" sont nécessaires pour que cette frontière "soit inviolable, imbattable, inexpugnable".
"Je n'exagère pas. Donald Trump et Ivan Duque ont annoncé à la Maison Blanche des plans de guerre contre le Venezuela", a ajouté le dirigeant chaviste, en référence à la rencontre des présidents américain et colombien mercredi à Washington.
M. Trump avait alors réaffirmé qu'il étudiait "toutes les options" pour régler la crise vénézuélienne, soulignant que M. Maduro commettait "une terrible erreur" en empêchant l'aide humanitaire internationale d'entrer dans le pays en crise.
Cette aide représente le point de fixation de la crise vénézuélienne à dimension internationale. A ce sujet, M. Duque a durci le ton vendredi à l'égard de M. Maduro en dialoguant avec Juan Guaido, l'opposant vénézuélien reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays.
"Nous serons attentifs à vous assister de manière déterminée afin que l'aide humanitaire arrive au Venezuela", a dit M. Duque au chef du Parlement vénézuélien lors d'une visioconférence diffusée en direct sur le réseau social Instagram.
L'aide afflue
Plusieurs tonnes de vivres et de médicaments envoyées par les Etats-Unis sont stockées depuis le 7 février à Cucuta, ville colombienne à la frontière vénézuélienne, toujours bloquée au moyen de conteneurs déposés par les autorités de Caracas.
L'armée américaine va y ajouter près de 200 tonnes supplémentaires dans les prochains jours, a annoncé vendredi sous couvert d'anonymat un responsable du Pentagone. Et 2,5 tonnes de médicaments et aliments envoyés par Porto Rico (territoire américain des Caraïbes) viennent d'arriver à Cucuta.
Nicolas Maduro refuse pour l'heure toute aide, qu'il considère comme un prétexte pour préparer une intervention militaire des Etats-Unis.
M. Guaido a assuré que l'aide humanitaire entrerait dans son pays "quoi qu'il arrive" le 23 février, soit un mois pile après s'être autoproclamé président par intérim du Venezuela. La majorité à l'Assemblée nationale avait alors qualifié M. Maduro d'"usurpateur" à la suite d'une élection présidentielle qu'elle considère frauduleuse.
Le président colombien a aussi promis d'assister au concert humanitaire organisé le 22 février à Cucuta par le milliardaire britannique Richard Branson, ajoutant qu'il y inviterait "d'autres personnalités de la communauté internationale".
Cet événement comprenant une vingtaine d'artistes, notamment le Portoricain Luis Fonsi, interprète du tube planétaire "Despacito", doit permettre de "lever 100 millions de dollars en 60 jours et de rouvrir la frontière vénézuélienne pour que l'aide humanitaire puisse enfin parvenir aux millions de personnes qui en ont le plus besoin", comme il est écrit sur son site internet.
"Nourriture pourrie"
Vendredi, M. Maduro a réaffirmé son refus de la laisser entrer, la qualifiant de "miettes" de "nourriture pourrie". "C'est un piège, un attrape-couillons, ils font un show avec la nourriture pourrie et contaminée", a assuré le dirigeant chaviste dans un discours à Ciudad Bolivar (sud-est).
Le Venezuela, de plus en plus isolé sur la scène internationale, traverse une grave crise économique, avec une population de plus en plus démunie face aux pénuries de vivres et de médicaments.
Nicolas Maduro dément cependant l'existence d'une "urgence humanitaire", et rejette la responsabilité des pénuries sur les sanctions américaines, dont Caracas évalue l'impact à 30 milliards de dollars par an sur l'économie vénézuélienne.
Il a par ailleurs assuré que son gouvernement distribuait des caisses d'aide alimentaire à des prix subventionnés à six millions de familles. Il a également indiqué avoir acheté 933 tonnes de matériel médical à la Chine, Cuba et la Russie, ses alliés.
Washington fait toujours davantage pression sur lui: vendredi, les Etats-Unis ont infligé des sanctions financières à cinq hauts responsables proches de M. Maduro. Ces cinq hommes dirigent les services de renseignement, la garde présidentielle, la police et la compagnie pétrolière nationale PDVSA.
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