Il faut le voir se taper le torse du poing, agiter les bras et ses bâtons dans tous les sens, tel un pantin désarticulé: Henrik Kristoffersen est ivre de joie à l'arrivée du géant après une deuxième manche magnifique d'engagement.
"Quand je franchis la ligne j'ai une réaction naturelle, sans filtre, que j'ai été bon ou mauvais. C'est juste moi, je n'essaie pas d'être quelqu'un d'autre", expliquait-il à l'AFP mercredi pour justifier ses colères, lui qui chérit tellement la victoire, un état d'esprit forgé à la dure pendant par son père pendant l'enfance.
Il restait pourtant deux skieurs, plus rapides que lui lors de la première manche. Alors Kristoffersen s'est prostré contre les panneaux publicitaires de l'aire d'arrivée, sa tête blonde dans ses jambes fuselées, à la recherche d'un calme intérieur que ce "volcan", il apprécie la comparaison, ne connaît pas.
Le maître du géant, l'Autrichien Marcel Hirscher, tenant du titre, vainqueur de 10 des 11 derniers géants, annoncé malade cette semaine, a buté sur son ex-victime préférée (à 20/100e), qu'il avait privé d'un titre olympique aux Jeux de Pyeongchang et des trois globes l'an dernier (le général, le slalom et le géant).
Brelan d'as
"La plus belle chose du monde, c'est de battre les meilleurs. Pour l'instant, c'est lui (Marcel Hirscher) le meilleur, donc ce que je veux, c'est le battre", avait indiqué Kristoffersen à l'AFP. Mission accomplie.
Le Norvégien de 24 ans répare enfin une anomalie dans son palmarès: malgré deux médailles olympiques, un globe de slalom en 2016 et 51 podiums en Coupe du monde, il n'était jamais monté sur "la boîte" aux Mondiaux en trois participations.
Le Français Alexis Pinturault, gonflé de confiance après son titre en combiné lundi et meilleur temps de la première manche, n'a pas tenu le coup non plus, terminant 3e (à 42/100e) comme aux Jeux-2018, déjà derrière Hirscher et Kristoffersen.
Un brelan d'as qui promet pour le slalom de dimanche, où ils seront rejoints dans la course aux médailles par les spécialistes (Clément Noël, les Suisses Ramon Zenhäusern et Daniel Yule).
Pinturault décroche sa 3e médaille mondiale après le combiné donc et le bronze déjà du géant en 2015, valide une année pleine (il est actuellement 2e du classement général pour lequel les Championnats du monde ne comptent pas) et efface définitivement le souvenir douloureux des Mondiaux de Saint-Moritz (Suisse) en 2017: frustré par des tensions avec l'équipe de France et par ses résultats (zéro podium), ce monstre de volonté avait fini en pleurs.
Les autres Français, venus pour un podium, ont manqué leur course: Victor Muffat-Jeandet termine 14e, Mathieu Faivre 17e, et Thomas Fanara, après une excellente première manche (4e) est rapidement sorti lors du 2e acte pour ses adieux aux Mondiaux.
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