Dans cette pièce de Roland Topor, présentée par l'Escouade vendredi 1er mars 2019 au Sillon à Petit-Couronne (Seine-Maritime), Florence une jeune traductrice sous-loue le dessous de sa table à Dragomir, un jeune immigré d'Europe centrale. Emmanuel Billy met en scène la troupe de l'Escouade dans cette comédie fraîche et réjouissante qui questionne la notion de différence. Il nous explique ses choix :
Quelles sont les valeurs que vous défendez au sein de l'Escouade ?
"L'Escouade est une troupe mixte avec des comédiens valides et des comédiens en situation de handicap basée sur Mont-Saint-Aignan qui a vu le jour il y a 30 ans. Depuis une dizaine d'années nous travaillons sur des projets Culture et handicap notamment en partenariat avec le foyer occupationnel des Fougères à Maromme. Il y a huit ans j'ai écrit pour les comédiens de l'ESAT du Cailly la pièce T'es ouf ou quoi ? Nous avions à cette occasion constitué une troupe avec des personnes en situations de handicap mental et depuis quatre ans nous leur proposons un véritable cursus professionnalisant unique en son genre en Normandie. Quatre hommes et quatre femmes y sont formés au métier de comédien. Rares sont d'ailleurs en France les Esat [Établissement et service et d'aide par le travail : organisme médico-social ayant pour but l'insertion des personnes en situation de handicap par le travail, NDLR] qui proposent ce type d'aventure artistique."
Qu'est-ce qui vous a plu dans la pièce de Topor ?
"J'ai choisi ce texte de Topor justement parce qu'il parle de différence. Le sujet n'est pas le handicap mais la migration et le choc culturel. Topor écrit cette pièce en 1994 sur un mode humoristique et poétique mais il évoque un phénomène d'actualité. En s'interrogeant sur la question de l'étranger, il introduit une dialectique monde ordinaire/différence qui fait particulièrement écho à nos combats : au fait que l'Escouade s'investit pour inclure les personnes en situation de handicap et prendre parti de leurs singularités. Dans la pièce de Topor il y a un côté absurde qui permet de prendre de la distance avec le sujet : c'est le dessous-de-table que sous-loue la traductrice. Ce parti pris m'a plu aussi parce que cela renvoie à l'enfance, à la façon dont on peut en se cachant sous une table se construire un univers imaginaire."
Quels sont les choix de mise en scène ?
"Nous sommes cinq acteurs sur scène. J'ai un petit rôle : celui de l'éditeur secrètement amoureux de Florence, un personnage antipathique et un trublion. Comme souvent nous travaillons la mise en scène à deux Christine Leroy et moi et même si la pièce est un peu absurde nous nous sommes mis d'accord pour lui donner des accents de vérités. Par exemple, la table qui est forcément l'élément indispensable à l'intrigue est rehaussée pour rendre possible le jeu de l'acteur dans cette position. C'est ce qui nous a séduits chez Topor cette impression de vrai/faux qu'il suggère en permanence : une torsion de la réalité. On ne cherche pas à nier l'absurdité de la pièce mais nous lui donnons des accents réalistes et dans cette même optique, nous tirons profit de la singularité de nos acteurs en situation de handicap qui incarnent les deux étrangers de la pièce."
Vendredi 1er mars 2019 à 19 heures au Sillon à Petit-Couronne. 7 à 12€. Tél. 06 81 52 50 97
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